Sylvain est un jeune homme de vingt-cinq ans, célibataire et lambda, qui vit à Enlemont, en France. Il mesure un mètre soixante-dix, est mince, a de courts cheveux châtains et des yeux marrons.

Un matin, il achète comme tous les jours le journal local, "Les Mots d'Enlemont", et s'arrête sur une petite annonce.

Un scientifique recherche un cobaye pour une expérience d'un genre nouveau. Il se rend donc à l'adresse indiquée et rencontre Delphine, l'auteur de ce qui l'a amené jusque cet appartement.

Elle a de longs cheveux blonds, lisses et libres, des yeux bleus, mesure un mètre soixante-cinq et est mince comme lui.

"Bonjour, je viens pour l'annonce, je m'appelle Sylvain, se présente l'intéressé.

- Bonjour, merci d'être venu. Je suis Delphine, se présente son interlocutrice. Entrez, je vous en prie."

Il s'exécute et lui serre la main professionnellement. Sylvain est chômeur et cherche la rémunération promise pour le volontaire par la belle jeune femme de vingt-six ans.

"Veuillez me suivre, s'il vous plaît, le somme-t-elle."

Ils arrivent jusqu'au salon, et ni une ni deux, elle entre dans le vif du sujet.

"J'ai mis au point une formule radioactive qui change de façon contrôlable la taille de sa cible, via un pistolet laser assorti, explique-t-elle en montrant l'engin.

- Formidable, mais comment allez-vous l'utiliser sur moi, demande Sylvain.

- Je souhaite vous réduire à dix pour cent de votre taille actuelle pour tester une théorie selon laquelle chaque être humain réduit est aussi fort que petit, un mécanisme de compensation d'origine génétique dont on ignore l'existence avérée puisque jamais un être humain n'avait été réduit jusqu'alors. Rassurez-vous, je l'ai testé sur mon Rubik's Cube. Dans les deux sens.

- Alors allez-y, rétrécissez-moi."

Sans se faire prier, Delphine le fait et Sylvain est désormais le plus petit homme du monde. A sa grande surprise, elle enlève ses chaussures et tous ses vêtements, sauf bien entendu son soutien-gorge et sa culotte.

"Pourquoi faites-vous cela, demande le jeune homme. Enfin, si vous m'entendez.

- Cinq sur cinq, répond-elle avant de noter sur son bloc-notes que Sylvain lui est audible. Et ensuite, c'est pour faciliter les expériences. Maintenant, ne paniquez pas, mais je vais tenter de vous écraser avec mon pied droit. Doucement, mais sûrement."

Curieusement, Sylvain ne ressent aucun mal physique après cette expérience. Pas plus que lorsqu'elle le met sur le canapé et s'assied sur lui.

"Maintenant, grimpez de mon pied droit et tentez d'atteindre mon épaule droite, lui dit-elle après s'être mise de nouveau debout et posé son cobaye au sol. Je vais vous chronométrer mais prenez votre temps. Il vaut mieux que vous ne connaissiez pas une chute mortelle."

Non seulement il le fait avec brio, mais en plus il met beaucoup moins de temps que ce à quoi elle s'attendait.

"Crachez, lui dit-elle après lui avoir tendu une tête de coton tige."

Il s'exécute et elle analyse son ADN par ordinateur alors qu'il tente de comprendre quelque chose à ce qu'il voit sur son écran depuis son épaule droite, où il a choisi de s'asseoir.

Tournant la tête vers lui, elle lui révèle : "Ma théorie était exacte. Mais je préfère la garder pour moi. Voyez-vous, si des criminels découvraient la composition de ma formule, le monde courrait à sa perte.

- Je comprends.

- Maintenant, j'aimerais vous avouer quelque chose : je suis célibataire et mon travail draine ma vie sociale comme une sangsue. J'ai donc choisi ce moyen pour attirer un homme et il a fallu que ce soit vous.

- Où voulez-vous en venir ?

- Maintenant que nous avons eu ce premier contact, acceptez-vous que nous nous fréquentions davantage, que nous apprenions à nous connaître ?

- C'est que...je suis sans travail.

- Avez-vous des compétences en comptabilité ?

- J'ai un diplôme dans le secteur mais la boîte où j'ai bossé a fermé il y a trois mois.

- Ca vous dirait d'être mon comptable ? J'avoue que je suis au bord du burn-out avec tout ça.

- Si je comprends bien, vous me demandez de travailler pour vous et de sortir avec vous.

- Et pourquoi pas ?

- Pour moi c'est une question rhétorique parce que j'accepte les deux."

Après lui avoir rendu sa taille normale, Delphine le laisse partir. Il est reparti avec tout ce qu'il faut pour faire ses comptes chez lui.