- Text Size +

Ce soir-là Diane et moi parlèrent jusqu'à la fin de mon service. Ce n'était qu'une discussion banale, rien de bien important. Je me suis retenu de lui demander si elle était mariée, elle ne portait pas d'anneau et les autres l'appelaient mademoiselle Pritchard, donc je supposais qu'elle ne l'était pas. Pourtant vu son âge et son physique, je trouvais ça difficile de l'imaginer seule. Cependant, j'étais totalement irréaliste de penser à quelque relation romantique que ce soit avec elle - elle était bien plus vieille que moi et surtout bien mieux classée que moi dans la catégorie "physique". Mais je l'avais pourtant vue m'examiner, et elle avait l'air vraiment intéressée. Ça lui plaisait clairement de parler avec moi, et elle semblait vraiment faire la démarche pour venir me voir. Peut-être était-elle attirée par moi au final ? Ce n'était pas important. Il fallait que je reste professionnel, elle avait le double de mon âge et voyait très sûrement quelqu'un en dehors du boulot. Mais ça ne m'empêchait pas d'avoir des pensées osées, même si elle était simplement hors d'atteinte pour moi dans la vraie vie.

Alors que nous nous éloignions l'un de l'autre, je pensais de plus en plus à elle. Je ne pouvais la faire sortir de mon esprit. Je déposa la caisse tard le soir, ferma, et me dirigea chez moi.

Sur le chemin, je me souvins que je n'avais plus de mousse rasante ni de shampoing. J'épia donc l'endroit cible et décida de m'y arrêter. Il fallait d'ailleurs que je prenne une pizza ou quoi pour le dîner.

Je me déplaça donc dans le magasin en attrapant les choses dont j'avais besoin. Lorsque je me dirigea vers les caisses, j'entendis une voix féminine que je connaissais. J'alla voir et je découvris que c'était Diane, et elle téléphonait avec quelqu'un.

Je me glissa dans la caisse voisine, en faisant gaffe qu'elle ne me remarque pas. Je n'avais pas trop envie de rencontrer ma boss en dehors de mes heures de boulot. De plus, j'avais des devoirs à faire et je ne voulais donc pas trop traîner. Enfin, je ne souhaitais pas avoir l'air d'espionner sa conversation. La caissier bipa mes produits.
En revanche le fait d'être juste à côté d'elle faisait que j'entendais ce qu'elle disait : elle avait l'air de parler à une amie proche. J'attrappa quelques extraits de la conversation qui m'intéressèrent.

"Oh oui tu sais ça a vraiment été très dur pour moi, la maison est toujours vide."

"Non, j'en suis sûre. Évidemment. Oui, c'était il y a 16 ans. Tu as raison."

"Eh bien je me débrouille, Joanne. J'apprécie vraiment que tu t'en souviennes tu sais. C'est tellement gentil à toi de penser à moi."

"Non, je ne vois personne. Il y a bien quelques hommes qui m'intéressent, mais je suis pas convaincue. Je ne sais pas si je peux faire le premier pas."

"C'est vrai, je devrais tenter le coup. Ouais."

C'était difficile de comprendre exactement de quoi elles parlaient, mais d'après ce que j'entendais Diane avait souffert d'une perte importante. Sûrement était-ce une de ses amies qui l'avait appelé pour l'anniversaire de la mort de son fiancé et l'encourageait à s'engager dans une nouvelle relation.

Je me sentais très mal. Je ne savais pas que Diane était veuve depuis 16 ans. Ce n'était donc pas étonnant qu'elle vienne souvent me parler - elle devait être vraiment seule. Je voulais faire quelque chose pour elle, en tant qu'ami.

Elle raccrocha et attrapa ses affaires, puis se dirigea vers la sortie. Je termina de payer et m'éclipsa discrètement dans son ombre, pour la suivre sans faire de bruit. Dès qu'elle sortit du magasin elle prit directement à gauche et s'écroula sur un banc, anéantie.

Je m'assis sur un banc pas très loin et attendis qu'elle termine de pleurer. Clairement, elle était encore en plein deuil, et je me sentais obligé de l'aider. En fait, je pensais même en être capable. Aussi étrange que ce soit, sa solitude me rappelait MA solitude.

Je patienta donc jusqu'à ce qu'elle reprenne contrôle d'elle-même. Je savais ce que je devais faire. Tel un Casanova, je me lança à sa "rescousse".

"Coucou Diane.." Étrangement, je me sentais plutôt à l'aise. A chaque fois que je parlais avec des filles plus jeunes j'avais toujours cette sensation de malaise qui émanait de ma timidité. Par contre, dans ce moment précis les bons mots me parvenaient facilement. C'était vraiment bizarre, puisque que je ne devrais pas me sentir aussi bien dans ce genre de situation, mais à ce point je m'en fichais.

Elle masquait son visage dans ses mains, et ne m'avait même pas remarqué. "Que...? Qui est là ?" demanda-t-elle en reniflant.

"C'est moi, Joe. Du boulot."

"Oh." Elle essaya de se cacher en se retournant. "Je suis désolée que tu aies à me voir comme ça Joe."

Je posa mon bras sur son épaule. "C'est bon Diane. Je vois que tu n'es pas dans ton assiette, pourquoi ne pas m'en parler ? Je suis sûr que tu te sentirais mieux."

Au début elle refusa en maintenant que ce n'était pas grand chose. Une fois que j'eu réussi à l'amadouer, elle commença à parler. Elle m'expliqua que c'était l'anniversaire de la mort de son fiancé, le seizième. Je l'écoutais attentivement. Elle me dit que son amie l'avait appelée, et que ça lui faisait plaisir que quelqu'un pense à elle. Je fis de mon mieux pour la réconforter. En un rien de temps j'avais réussi à la faire penser à d'autres choses, tout ce qui concernait son futur et qui l'attendait encore.

Son état d'esprit s'était franchement amélioré. J'appréciais parler avec elle, et écouter tout ce qu'elle avait à dire. Finalement, j'escortais Diane jusqu'à sa voiture, qui était sur le parking. Diane pleurnichait légèrement quand on marchait, mais semblait regagner confiance en elle. Je pense que l'air frais lui faisait bien, la nuit venait tout juste de tomber et donc l'air était rafraîchissant.

Elle se dirigea vers sa voiture en la pointant, et nous nous en rapprochions. Je me sentais horriblement mal. Elle était là, une magnifique femme sans personne dans sa vie. Je réalisais qu'elle n'avait jamais vraiment recouvert de cette perte. Elle était très attirante, donc je lui dis qu'elle ne devrait pas avoir de soucis pour trouver de compagnon. Elle prit bien ma remarque, et semblait s'illuminait un peu.

Notre rencontre atteignait un point bizarre lorsque je me demandais quoi faire une fois arrivé à sa voiture. En un instant elle allait disparaître et la prochaine fois que je la verrais serait au boulot. Ce n'était pas vraiment un moyen génial de terminer cette conversation. Je savais ce que je devais faire.

Quand elle se retourna pour ouvrir la porte de sa voiture, je posa ma main sur son épaule. "Hey Diane, ça ne me dérange pas de te tenir compagnie un peu plus longtemps, si ça te va. Il est encore assez tôt, et je détesterais te voir rentrer seule dans cet état."

Elle s'approcha pour faire un câlin, ses yeux en larme rayonnaient alors qu'elle me serrait dans ses bras.

"Ooh merci ! J'adorerais tu sais. Tu es si mignon, Joe." Je ne pouvais m'empêcher de sentir ses seins impressionnants contre moi. Je savais que ça m'excitait, mais j'étais déterminé à faire ça pour elle. Je me redressa donc -je n'allais pas laisser mon "deuxième cerveau" dicter mes actions ce soir.

"Joe, j'ai une idée merveilleuse." proposa-t-elle subitement, terminant notre câlin mais en me tenant toujours par les bras. "Pourquoi ne viendrais-tu pas chez moi, je te ferais quelque chose à manger ! Ça fait si longtemps que je n'ai eu personne à qui cuisiner ! S'il te plaît Joe ?"

"Je devrais pouvoir faire ça." Je n'avais vraiment rien d'autre à faire.

Elle rigola comme une petite fille, et déverrouilla les portières de sa voiture. "Allez, rentre !"

 

You must login (register) to review.