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Author's Chapter Notes:

Des présentations s'imposent...

 

 

Depuis un long moment, ma famille avait cessé de me voir comme un être humain, mais plus comme un insecte agaçant. C'était extrêmement épuisant pour ma mère d'essayer de me garder hors de danger et mes sœurs préféraient ne plus me côtoyer au quotidien, pour ne pas risquer de m'écraser. C'était une pression quotidienne, pour tout le monde.

 

En fait, pour les autres, j'étais et je resterai une étrangeté de la nature. Presque une erreur...

Qui aurait pu imaginé qu'il soit  possible qu'un garçon comme moi puisse défier les lois de la science, de la nature, de la société et de la logique, à 4 cm de haut ?

 

Eh bien, je l'avais fait, et je continuerai à le faire probablement pour le reste de ma vie. J'avais eu plusieurs rencontres avec la mort, mais dans chaque situation, je semblais trouver un moyen de m'en sortir.

 

Vivre  à 4 cm de haut était certainement dangereux, mais ça avait aussi de rares  avantages. Par exemple, si j'étais vraiment énervé et que je voulais être seul ?

Pas de problème, je pouvais me cacher sous le canapé, dans une chaussure, ou même dans le système de ventilation ! Je pouvais aller à peu près à tous les endroits qu'un autre être humain ne pouvait atteindre, tant que c'était au sol. Les gens semblaient aussi penser que ma taille me donnait un sérieux désavantage de vitesse, mais c'était aussi tout à fait incorrect.

 

Bien que je ne pouvais pas courir aussi vite qu'une personne de taille normale, je pouvais courir presque aussi vite qu'un serpent de jarretière, et un peu plus vite qu'une araignée de maison ! C'était assez incroyable pour les gens, mais pour moi, ça avait toujours été la norme.

 

C'est quelques avantages, ne rattrapaient pas les risques liés à vivre à quelque'un comme moi... Par exemple, quand Noémie marchait sur quelque chose par terre, elle criait à haute voix en pensant qu'elle m'avait écrasé sous son pied. Chaque fois que Joanna utilisait la machine à laver, elle vérifiait plusieurs fois si je n'étais pas aux alentours avant de fermer la machine...

 

Et chaque fois qu'un invité arrivait, ma mère lui disait constamment de me surveiller. Plus personne ne venait du coup, d'ailleurs... J'étais devenu le fardeau de ma famille, et qu'ils l'admettent ou non, ma taille de 4 centimètres avait vraiment eu un impact négatif sur leur vie.

 

 

Et je pense que ma taille était la cause principal du  départ de mon père., alors que nous vivons encore à Philadelphie.

 

Il s'appelait Alex Kemp et il était grand avec les cheveux bruns. Il portait des chemises brunes et des chapeaux de cow-boy pour s'amuser.

Un matin, je me souviens de le voir prendre son sac à dos habituel pour aller au travail, alors que j'avais seulement 9 ans. Je le regardais se préparer, assis sur une chaise en bois, au milieu du couloir de notre appartement de Philadelphie. J'attendais que ma mère m'emmène mes chaussures, avant d'aller à l'école. Je le fixais avec une compote dans le bec et les yeux à moitiés ouverts.

 

Alors qu'il rangeait quelques affaires dans le sac, la porte devant moi s'ouvrit et j'ai vu apparaître ma grand-mère. Elle venait garder ma petite sœur, qui n'avait pas école ce jour-là.

En entrant, elle me fit un sourire timide, avant d'enlever ses chaussures, de se diriger, en chantonnant, vers son fils, de le saluer, et  de se rendre dans le grand salon, et sa vue sur le centre de Philadelphie.

 

À l'époque, notre appartement était vraiment gigantesque. Il y avait deux salles de bains, quatre chambres, une cuisine et une buanderie, qui servait de garage à mon père. Le plus fou était la chambre de Joanna : elle comportait une mezzanine, où on accédait grâce à un escalier en colimaçon. J'adorais aller l'embêter là-haut, quand elle était sur son lit. Le bas de la chambre était recouvert par son armoire et des tiroirs.

 

 

Dans l'entrée, mon père enfiliait  ses grandes chaussures noires et sa veste en cuir. Chaque matin, je le voyais répéter ses mouvements... En fait, tous  les matins la pièce se répétait... Sans presque aucune fausse note ! Impressionnant, n'est-ce pas ? Ça l'était, je vous le promets...

Sauf, ce que je ne savais pas à ce moment-là, c'est que ce serait son ultime représentation !

 

Après avoir fini sa préparation, il prit son sac à dos après avoir vérifié sa montre une dernière fois. À son tour, il me regarda  et il me  sourit. Avant de touner la tête, il me fit  un clin d'œil, il ourv rit la porte et disparu aussi tôt.

 

 

Au dernier moment, j'ai voulu le serrer dans mes bras ! J'ai sauté de la chaise, en laissant tomber ma compote, mais quand j'ai rouvert la porte, il venait de monter dans l'ascenseur! J'ai couru le plus vite possible... Mais il avait le dos tourné, car au rez-de-chaussée, il devait descendre par la porte opposée... Il ne m'a donc pas vu.

Finalement, la porte se referma sous mon regard déconfit. Je suis reparti en arrière, à ce moment un peu déçu... Tant pis, je le reverrai le soir même...

 

Plus tard, mes regrets furent immenses. Je n'avais pas su lui dire au revoir de façon correcte. Comme un fantôme, il avait disparu, devant mes yeux, sans que je puisse le retenir. Et depuis, ce souvenir me hantait... Tragique, n'est-ce pas ?

 

La vérité, fut plus douloureuse encore, quand le soir, il n'est pas revenu...

Quand j'y repense, je crois qu'il n'était pas triste. Il paraissait apaisé et plein de courage. Comme s'il partait en croisade ou en mission... Pour moi ? On ne savait pas... Pourquoi ? Près de 8 ans après, je ne le savais toujours pas... Personne ne le savait d'ailleurs...

 

 

Évidemment ma mère s'était inquiétée. Le jour suivant, elle n'était pas aller au travail et elle avait appelé le laboratoire où il travaillait, mais ils avaient répondu qu'il était venu à son poste normalement avant de disparaître dans l'après-midi sans prévenir qui que ce soit. Elle avait contacté la police, qui avait lancé un avis de recherche, qui était resté  vain.

 

Un jour, une personne qui avait reconnu son visage sur Facebook, avait contacté ma mère. Il était douanier et il lui avait dit, qu'il l'avait croisé à l'Aéroport JFK de New York. Avait-il quitté le pays ? Voulait-il vivre en ermite dans un trou ? Partait-il faire un tour du monde ?

 

Toutes les raisons auraient pu paraître injustes à mes yeux, car ils nous avaient abandonnés ! Moi, ma mère, mes sœurs, ses propres parents, ses amis... Malgré tout cela, j'avais l'espoir que ce soit pour une bonne raison...

 

Une fois, Noémie, qui posait souvent des questions étranges, m'avait dit ceci, en mangeant :

" - Et si demain il revenait, comme une fleur, dans le salon, que ferais-tu ?

 

J'avais un peu réfléchit, avant de lui répondre le plus objectivement possible :

" - Je ne sais pas... La situation compterai beaucoup à mes yeux. Mais, en vérité, s'il était souriant, j'essayerai de l'être également. S'il était parti pour de bonne raisons, je partagerai ses choix. S'il était malade, ou amoché, je m'occuperai de lui. S'il revenait triste, je le consolerai à la valeur de sa souffrance... S'il était énervé, je trouverai un moyen de canaliser ses pulsions... Il y a une galaxie de possibilité, tu sais..."

J'avais tout dit... Et rien à la fois...

 

 

Quelques semaines plus tard, ma mère s'était faites une raison. Il avait disparu du jour au lendemain, en laissant sa famille seule, et son employeur dans l'embarras, donc elle devait accepter son sort... Elle ne voulait pas nous faire endurer sa souffrance, donc elle se tuait dans ses tâches quotidiennes.

 

Le nom de ma mère était Halsey, Halsey Kemp. Elle avait de longs cheveux bruns qui descendaient presque jusqu'à la taille et elle avait des yeux marron. Elle n'était pas très grande, elle faisait environ 1,65 m. Ce qui est ironique à dire compte tenu de ma propre taille.

 

Elle avait grandi   dans la banlieue new-yorkaise. Fille unique de parents enseignants, elle venait de la classe moyenne. Elle avait traversé la scolarité en étant une bonne élève donc elle avait pu accéder à l'université assez facilement. Pour pouvoir trouver la formation qu'elle souhaitait réellement, elle avait déménagé vers Philadelphie. Pour payer sa chambre étudiante, elle avait trouvé un emploi dans un café au cœur de la ville.

 

Après sa rencontre avec mon père, elle avait été embauchée en tant que manager dans une entreprise, puis presque en même temps, Joanna était arrivée et ils s'étaient installés ensemble. Elle avait donc deux filles et un fils.

 

Joanna était l'aînée de la famille. Elle avait 21 ans. Ses cheveux étaient noirs corbeaux. Elle faisait 1,70 m et elle avait aussi les yeux verts, seulement, ils étaient un peu plus brillants que ceux de ma mère.

 

Enfin, il y avait Noémie, qui avait un an de moins que moi et qui était la plus jeune de la famille. Elle avait les cheveux châtain clair qui lui allaient jusqu'aux épaules. Elle était plutôt petite et svelte. Ses yeux étaient bleus, comme  mon père.

Mes grands-parents étaient plutôt absents des débats, donc il ne vaut mieux pas vous les présenter. Enfin, voilà ma vie à la maison.

 

 

 

Précédemment, j'avais commencé  à vous parler  de ma vie compliquée au collège. En réalité, tout avez changé à la fin de l'année de 5ème et le basculement avait eu lieu quand je l'avais rencontré : Alizée Sullivan.

 

Auparavant, j'avais une assistante pour m'aider à suivre les cours et à me déplacer, qui s'appelait Lily. Elle avait 26 ans, était brune aux yeux marron et avait la peau mate. Elle aimait les enfants, être au près des personnes en général, et aussi l'athlétisme et le football. Elle s'occupait de moi depuis mon arrivée en 6ème.

 

Malheureusement, elle me laissait généralement seul pour les récréations et c'est à ce moment, que j'étais à la merci de mes camarades. Au moins, pendant les heures de cours, elle faisait régner l'ordre autour de moi et elle n'hésitait pas à donner de sa personne pour me protéger. Chaque matin, elle me récupérait à la descente du bus, auprès de Noémie et le soir, selon les emploi du temps, soit elle me rendait à ma sœur, où quelques fois elle m'avait ramené à la maison.

 

Au début, il lui avait fallu un temps d'adaptation, car j'étais seulement son deuxième élève et j'étais aussi un cas particulier, auquel elle n'avait pas été formé. D'ailleurs, elle m'avait avoué, que la plupart de ses collègues avait refusé le poste, car elles avaient imaginé que s'occuper serait très pénible. Au fil de temps, une relation de confiance c'était une construite entre nous et je savais que je pouvais lui compter sur elle.

 

En cours, quelques fois, il lui arrivait d'être absente, à cause de rendez-vous ou bien quand elle tombait malade. Généralement, au mieux, elle était remplacée par une de ses collègues, sinon, au pire, j'étais confié aux délégués de classes. Le jour de ma rencontre avec Alizée, c'était Khloé Berbie qui m'avait récupéré.

C'était une fille sympathique et bonne élève, mais elle était un peu tête en l'air, je crois. Durant un cours de la matinée, alors que la cloche signifiant la fin du cours de musique sonnait, elle s'était levée pour ranger toutes ses affaires, comme tous nos camarades de taille normal. Pour éviter d'avoir les mains encombrées, elle m'avait posé sur sa chaise bleue en bois. Mais pendant le rangement, quelqu'un l'avait interpellé et elle avait oublié que j'étais présent. Elle avait fermé son sac à dos avant de se diriger vers la personne qui l'avait demandé.

 

Après, la salle s'était totalement vidée et je m'étais retrouvé seul, en ne sachant pas s'il y avait un autre cours après. Elle venait de m'oublier, sans que personne ne me remarque, même le professeur...

La lumière était éteinte et il faisait presque nuit à cette heure-ci, donc la pièce était plutôt sombre.

À ce moment-là je faisais une vingtaine de centimètres donc je pouvais sauter sans prendre de risque particulier. Arrivé au sol, j'avais pris la direction de la porte pour essayer de voir si elle avait été laissée ouverte mais après un peu de marche, mon optimisme avait disparu en comprenant qu'elle était totalement fermée.

 

J'avais donc décidé de faire le tour de la salle pour voir s'il n'y avait pas une autre sortie, bien cachée. Mais en me retournant, j'avais entendu un bruit au niveau de la porte. La serrure se débloquait !

Tout à coup, la porte s'était ouverte et la lumière s'était rallumée. J'avais été éblouit une demi-seconde de trop, car je n'avais pas eu le temps de réagir face à la personne arrivant et elle m'avait frappé aussi tôt avec son pied. Face à la violence du choc, j'étais tombé par terre et dans les pommes...

 

 

En récupérant la vue, j'avais remarqué que j'étais dans un environnement plutôt sombre. Je ne voyais pas mes mains. J'avais commencé à toucher les éléments alentours et mon premier contact fut du plastique.

En touchant les autres matières alentours, j'avais senti beaucoup de tissu. À ce moment, mon hypothèse était que j'étais dans un sac. Est-ce que Khloé était revenue me chercher se rendant compte qu'elle m'avait oublié ?

 

Avais-je été ranger par une femme de ménage dans les placards à balais ? Bizarrement, il y avait peu de bruit aux alentours.

Finalement, voyant le temps passer et aucune preuve de libération, je m'étais exprimé afin d'attirer l'attention de qui que ce soit. Et peu de temps après, la lumière fut...

 

 

Cette lueur extérieure m'aveugla et je ne vis pas qu'une main venait me récupérer. Après avoir retrouvé la vue, j'ai remarqué que j'étais sur un banc, à l'extérieur de l'établissement. Les bruits alentours étaient ceux des passants et des voitures. Enfin, j'ai tourné la tête vers mon ravisseur et, à ma grande surprise, ce ne fut ni Khloé ou Lily.

C'était le visage d'une fille que je n'avais jamais vu auparavant. Elle me regardait avec des yeux vert vif, dans lesquelles je m'étais déjà plongés. À ma hauteur, ils auraient impressionné n'importe qui. En me voyant figé, elle eut un petit rire, qui fit bouger ses cheveux blonds clairs, légèrement ondulé au niveau des épaules.

Sur le reste de son doux visage, il y avait quelque taches de rousseur au milieu de sa peau, un peu bronzé, mais pas – encore – de boutons. En regardant le reste de son corps, j'ai remarqué qu'elle portait une robe, qui mettait en valeurs ses courbes existantes.

 

Cette robe était totalement démodée pour nos âges mais cette fille semblait être à contre-courant. À travers son visage et ses yeux, on pouvait y percevoir le reflet de sa personnalité. Elle avait un regard vrai, qui était à la recherche de quelque chose je pense. Je n'avais rien vu de pareil, par le passé.

 

" - On dirait que j'ai un passager clandestin avec moi hein ? demanda-t-elle d'un ton moqueur.

- Eh bien, techniquement, tu as failli me piétiner, je crois ? répondis-je en essayant de me défendre. Tu devrais regarder où tu vas, peut-être..."

 

Elle rigola, amusé par ma déclaration.

 

"- Eh bien, ce n'est pas de ma faute, regarde ta taille. Et si j'étais toi, je serais reconnaissant envers moi de ne pas porter de chaussures et de t'avoir remarqué."

Son ton n'était pas méchant mais elle semblait avoir un vrai caractère.

" - Ça c'est sur ce n'est pas de te faute..." j'ai répondu en souriant à mon tour.

 

Et c'est comme ça que j'ai finalement eu ma première amie. Alizée Sullivan était son nom.

Nous sommes devenus proches rapidement après cela. J'ai appris plus tard qu'elle avait un an de plus que moi car elle avait redoublé en 6ème, en raison de ses mauvaises notes. Mais je m'en fichais et elle était en réalité beaucoup plus intelligente que ce que les autres pensaient.

Alizée fini par devenir mes pieds hors des cours et pendant les récréations, ce qui retira une partie du travail de mon assistante. Elle me rassurait beaucoup car elle me tenait hors de portée de ceux ou celles qui pourrait me vouloir du mal. À la fin de l'année, nous avions demandé à être dans la même classe pour qu'elle s'occupe de moi à cause du départ de Lily.

 

Au moment de se quitter, j'étais un peu triste, car Lily m'avait rendu la vie beaucoup plus simple durant ses deux dernières années. Avant le dernier jour de cours, elles avaient passé un peu de temps ensemble, pour pouvoir se transmettre différents conseils et informations à mon sujet. Et j'étais le véritable témoin de cette passation de pouvoir...

 

Lily savait calmer mes colères passagères, à propos des autres et de ma situation, elle m'avait soigné après que je me sois fait écraser, elle avait pris sur elle pour pouvoir supporter la pression inhérente à ma vie et elle m'avait fait rire de nombreuses fois, car elle avait un sacré sens de l'humour.

Au fond, je l'enviais un peu, car elle avait accepté de me laisser pour pouvoir voguer vers d'autres horizons, alors que moi j'étais bloqué ici, pour toujours à cause de ma taille. Apparemment, elle était courageuse aussi...

 

 

Peu de temps après ma rencontre avec Alizée, nous allions fêter le dix-huitième anniversaire de Joanna. Afin de pouvoir marquer le coup, ma grande sœur avait fait une demande particulière à ma mère : elle voulait pouvoir faire une soirée d'anniversaire avec toutes ses amies à la maison. Au départ, ma mère n'était pas particulièrement partante, mais au fil des jours, elle avait su se laisser convaincre. Pour arriver à ses fins, ma grande soeur était allée jusqu'à appeler ses grands-parents afin qu'ils demandent à leur fille de venir ce weekend-là Elle avait visé juste et ma mère avait cédé.

 

Pour se rendre à New York, ma mère avait choisi de prendre le car, tôt le matin afin d'y être en fin d'après-midi. Noémie avait décidé de l'accompagner.

 

De mon côté, on ne m'avait pas réellement posé la question, mais je savais que j'allais rester à la maison avec Joanna. De toute façon, j'avais prévu de passé la soirée bien accompagnée...

 

Le soir précédant, nous avions déjà fêté l'anniversaire de Joanna en famille, et ce matin, nous étions tous assis dans la voiture et nous roulions vers la gare routière.

 

En ce mois de mai, le soleil commençait à apparaître assez tôt, donc je le voyais déjà éclaircir le ciel, qui semblait plutôt dégagé. Par contre, à l'extérieur du véhicule, les températures étaient encore assez fraiches, donc nous n'avions pas hésité à prendre nos manteaux. Une fois arrivé et garé, ma mère et Noémie avaient sorti leurs affaires du coffre avant de partir vérifier le tableau des départs.

Il était environ six heures du matin, donc le lieu était relativement vide. Il y avait quelques personnes qui attendaient comme nous, mais elles s'étaient installés sur des bancs ou plus loin sur les trottoirs, le long du quai.

 

" - Alors le bus est à l'heure ? demanda Noémie, alors que ma mère revenait du tableau.

- Oui, tout va bien. Il devrait d'ici 5 minutes, normalement, elle la rassura avant de se tourner vers sa plus grande fille. Bon... Tu es assez grande maintenant et je n'ai pas envie de te faire de leçon, mais tu connais les règles ?

- Oui, maman, je sais... elle dit en soufflant un peu et se frottant les mains.

- Désolé alors, je vais en rajouter un peu. Premièrement, le plus important est que tu fasses attention à ton frère, même s'il reste avec Alizée. On ne sait jamais... Deuxièmement, vous ne faîtes pas trop de bruit, pour les voisins, et notamment pour Evelyne, qui a le sommeil léger, et troisièmement, je ne veux pas que la police m'appelle depuis chez tes grands-parents, sinon tu vas voir qu'il n'habite pas si loin de chez nous.Compris ? elle lui dit, calmement.

- Promis, maman. Tu ne verra aucune différence entre ton départ et ton retour, elle lui assura

- J'espère... Je te fais confiance mais, tu sais, je ne veux pas... elle dit, en se perdant un peu.

- Ne t'inquiètes pas, maman. Profite du weekend, c'est la seule chose que tu as besoin de faire."

 

Ma mère ne rajouta rien, en se mordant un peu les lèvres, et se tourna pour observer l'horizon, avec les bras croisés.

Peu de temps après, les phares du car apparurent au loin et rapidement il se gara sur le quai. Le chauffeur descendit, ouvrit les grandes portes des soutes afin que chacun puisse ranger ses affaire avant de valider les billets. Avant de monter, et alors que Noémie s'était déjà installée sur une rangée à l'avant du véhicule, ma mère se tourna vers Joanna.

 

Elle fit sourire franc et inattendu à sa fille avant de la prendre dans ses bras. Elles restèrent dans cette position une vingtaine de seconde avant de se lâcher. Joanna baissa la tête un peu gênée et ma mère recula un légèrement avant de lui dire quelques mots :

" - Joyeux Anniversaire, ma grande. Profite bien..." elle lui dit avec un grand sourire et en essuyant une larme sur sa joue.

 

Sans en rajouter, et me regarder, elles se quittèrent et ma mère monta dans le car. Elle s'installa au côté de Noémie, puis le chauffeur vérifia la présence de tous les passagers avant de fermer la porte et s'installer au volant. Enfin, l'autocar vert démarra et quitta la gare routière, avant de disparaître au loin, derrière la brume matinale, qui enveloppait l'horizon.

 

Après le départ du véhicule, nous sommes retournés à la voiture, que Joanna conduisait depuis 1 an environ. Elle m'installa sur mon siège avant de se mettre au volant. Sur le chemin du retour, le silence fut de mise pendant la plupart du temps.

" - Nick ? dit Joanna, alors que je somnolais

- Oui ?

- Ce soir, je sais que j'ai promis à maman de faire attention à toi, mais il y aura beaucoup de monde dans en bas, donc je ne pourrai pas te surveiller régulièrement. Tu penses que tu pourras éviter desortir de ta chambre pendant soirée, afin de ne pas créer un vent de panique ? elle dit un peu gênée

- Oui, oui, je vois. Ne t'inquiète pas, Alizée me surveillera. On passera la soirée ensemble et elle dormira sur un matelas dans ma chambre.

- D'accord. Merci..." elle dit, en souriant un peu mais sans en rajouter.

Après un nouveau silence j'ai repris la parole.

" - Joanna ?

- Oui ?

- Tu es contente d'avoir dix-huit ans ?

- Heuu... Oui, bien sûr. Pourquoi cette question ?

- Simplement, pour savoir. Tu te sens différentes par rapport à avant ?

- Un peu... Mais, tu sais, on ne change pas du jour au lendemain. Il y a des choses qui ont changé avant et certaines changeront plus tard, c'est la vie.

- Tu crois que j'aurai dix-huit ans moi, un jour ?

- Oui, pourquoi ? C'est à cause de ta taille, c'est ça ?

- Non, mais on ne sait jamais...

- Il n'y a pas de "on ne sait jamais", Nick ! Ne pense pas des choses pareils, s'il te plaît, elle dit en regardant la route et un peu travers le rétroviseur.

À travers son regard, j'avais l'impression qu'elle m'en voulait de penser des choses pareils. Mais malheureusement, je ne pouvais pas vraiment faire autrement.

" - J'essaye, j'essaye..." j'ai marmonner, pour finir.

Après être rentré à la maison, je suis partis me recoucher et elle est partie courir pour "s'aérer l'esprit", selon elle. Je n'avais rien de prévu dans la journée donc je pouvais attendre paisiblement l'arrivée d'Alizée dans l'après-midi.

 

Et finalement, plus tard que prévu, la sonnette résonna dans toute la maison et j'ai quitté mon petit cinéma personnel.

C'était une pièce qui avait été installé sous mon lit par ma mère, pour que je puisse regarder des séries, des films ou des vidéos. On m'avait donné une tablette comme écran géant et, en face, pour m'assoir, j'avais un canapé, changeant en fonction de ma taille. Il me servait aussi de deuxième lit, car il m'arrivait de m'endormir devant certains films ou séries... Et j'avais du contenu car, comme dans toute la maison, nous disposions de la plupart des plateformes de streaming existantes. Comme quoi, vivre à ma taille n'était pas qu'une suite de problème...

 

Donc, après être sortis de mon canapé, j'ai quitté ma chambre et j'ai regardé, à travers les barreaux de l'escalier.Joanna ouvrait la porte à Alizée.

 

"- Salut... Nick est là ? elle dit, avec une voix plus douce et timide que d'habitude.

- Oui, vas-y entre."

 

Elle entra et commença à inspecter les pièces. C'était la première fois qu'elle venait à la maison donc elle découvrait mon environnement un peu différent. Ses yeux avaient rapidement observé la luge dans l'escalier ou bien les échelles le long des meubles de la cuisine. Elles avaient toutes été prévue pour être utilisables jusqu'à une taille de 1 centimètre. J'avais encore de la marge, heureusement...

 

"- Tu peux monter, sa chambre est la deuxième à droite en haut de l'escalier, lui indiqua Joanna. Normalement, il a dû entendre la sonnette et il doit d'attendre mais si tu ne le vois pas, regarde en dessous du lit, au pire, elle dit en s'essuyant le front.

- D'accord, merci," répondit Alizée, avant qu'elles se séparent.

 

Joanna quitta l'entrée et retourna dans le salon et moi je suis partie vers ma chambre, pour l'attendre pendant qu'elle montait l'escalier.

À cette époque, j'entrais et sortais de ma chambre en poussant et tirant ma porte. En prévision, l'architecte m'avait tout de même installé un tunnel en bas, à gauche, pour que je puisse passer quand je ne serai plus capable de bouger cette grande porte en bois.

 

Alors que je revenais en bas de mon lit, Alizée arriva derrière moi, me souleva du sol aussi tôt et me colla un gros baiser sur la joue. J'étais habitué, car elle me le faisait à chaque fois que Noémie me laissait, en descendant du bus.

En tout cas, pendant sa montée des escaliers, elle semblait avoir perdu toute trace de timidité.

 

Puis, elle me reposa sur mon lit avant d'enlever son manteau noir et de poser son sac à dos. Étant coupé du monde extérieur là-dessous, je n'avais pas fait attention aux gouttes de pluie qui s'abattaient sur les fenêtres de ma chambre, à cause du vent. Au fil de la journée, le temps s'était considérablement couvert apparemment.

 

Après avoir retiré son manteau donc, j'ai vu qu'elle portait une robe rose, un peu usé en bas, mais qui lui allait divinement bien. Finalement, elle s'assit sur le lit et me regarda.

 

" - Alors voilà ta chambre ? Tu n'as rien changé malgré ta taille ? elle s'étonna.

- Non, ma mère préfère que je garde mes meubles pour le moment.

- Mais dormir dans un lit aussi grand n'est pas gênant ?

- Non, ça va... À force, c'est même devenu un point de repère pour savoir si je rétrécit ou pas. Et je peux te confirmer que mes draps et mon oreillers grandissent actuellement, j'ai dit en rigolant un peu.

- Toutes les chambres sont à l'étage ?

- Oui. Quand tu sors, à gauche il y a la chambre de Noémie et la salle de bains, et à droite, il y a la chambre de ma mère, celle de Joanna et enfin la chambre d'amis.

- Je dormirai là-bas ce soir ?

- Non, non... Pour ma sécurité, Joanna et ma mère ont décidé que nous resteriont dans ma chambre durant la soirée, pour que tu puisses me surveiller, au cas où. Je ne voudrai pas qu'un ou une amie de Joanna, me voit, on ne sait jamais... Elle viendra installer un de nos lits pneumatiques tout à l'heure, pour que tu puisses dormir.

- Je vais être ta baby-sitter en fait ? elle dit, avec un grand sourire.

- Un peu, si tu veux..." j'ai fini, en rigolant également.

Les heures passant, on a continué à discuter. Joanna est venue installer le lit, on a mangé, elle a fini de préparer sa soirée, le soleil s'est couché, on s'est mis en pyjama et enfin tous les autres invités sont arrivés quand la nuit était déjà tombé.

 

Installée en tailleur sur son matelas  gonflable, Alizée portait un pyjama Star Wars, grande fan de cette univers qu'elle était. Alors que la musique et le bruit continuaient d'augmenter en bas, nous cherchions une occupation pour faire passer le temps.

" - Ok, elle dit, en brandissant son smartphone vers le haut. Je te propose de jouer à un simple question/réponses. Pas très surprenant, je sais, mais bon... D'accord ?

- Pourquoi pas... Tu poses les questions ? j'ai dit, en m'installant confortablement dans son matelas.

- Si tu veux. Donc, tout d'abord... elle dit, en cherchant un peu. Tu es né quel jour et où ?

- Le 31 mars 2008 à Philadelphie.Et toi ?

- Je suis née le 13 août 2007 à Allentown. Ensuite... Ton film et séries préféré ?

- Compliqué... C'est pas récent, mais en vrai en film, j'adore le grandiose Dark Night de Nolan et en série, le meilleur c'est..."

Je suis resté assez perplexe quelque seconde car je ne savais pas vraiment. J'avais grandi en regardant Stranger Things, Rick&Morty, Les Simspons... Je ne pouvais pas faire de choix.

 

Ensuite, au fil des questions, j'avais réellement découvert Alizée... Elle était la fille unique d'un couple pas forcément heureux, selon elle. Elle avait grandi à Allentown jusqu'à ses 7 ans, avant de déménager à Little Bastid. Son père s'appelait Antonio Sullivan et sa mère Lauren Sullivan.

 

Elle avait une dizaine d'oncles et de tantes qu'elle voyait pour les grandes occasions, comme les mariages, anniversaires ou Thanksgiving et Noël.

Sa couleur préférée était le rouge et son chiffre fétiche le 7. Elle aimait beaucoup les jeux vidéos et le cinéma, mais aussi la peinture, la danse et la période médiévale. Elle m'avait décrit une grande armoire dans sa chambre, qui regroupait une cinquantaine de robes médiévales de toutes les couleurs. Quand elle restait chez elle, elle aimait les porter mais, à l'extérieur, elle essayait de porter des tenues plus modernes, sans se priver non plus.

 

Les relations familiales étant très distantes chez elle, quand elle voulait se relaxer, elle allait au bord du lac qui était à cinq minutes à pied. Là-bas, il y avait plein d'arbre et de banc où elle pouvait entendre les oiseaux chanter, les enfants s'amuser dans le parc voisin ou bien les canards qui se baladait sur le lac, sans être dérangé. En s'allongeant sur l'herbe fraîchement arrosée, elle se sortait de la pression de ses parents ou de ses camarades à propos de ses tenues ou de sa façon d'être.

 

Elle avait un fort caractère et pouvait facilement se mettre en rogne. Elle n'allait pas se mettre réellement en colère, elle préférait plutôt faire la tête pendant un certain temps. Elle était également très franche et direct, mais en même temps, elle semblait d'une douceur et d'une gentillesse vraie et sans détour. Par rapport à bien d'autre, elle ne jouait pas un rôle, elle était elle... Que ça plaise ou non !

 

Après s'être posé un bon nombre de questions tout au long de la soirée, nous avions décidé de changer d'occupation, et nous étions tombés d'accord, sur un jeu dangereux : Action ou Vérité ?

 

" - Alors à mon tour... Action ou Vérité ? j'ai dit, alors que je venais de répondre à une question d'Alizée.

- Vérité... elle dit, sans hésiter.

- Ok... As-tu déjà embrassé quelqu'unquelqu'un sur la bouche ? j'ai dit, un peu gêné par ma question.

- Non... Pas encore... elle dit, en rougissant un peu avant de changer de sujet rapidement. À toi: Action ou Vérité ?

- Action, pour changer un peu, j'ai dit, alors que j'étais toujours couché sur son matelas, qui me berçait doucement.

- D'accord. Serais-tu capable d'aller récupérer un sous-vêtement de Joanna, directement dans sa chambre ? dit Alizée, avec un grand sourire.

- Quoi ?! j'ai répliqué, un peu abasourdi. Non, non...

- Ok, mais tu sais qu'en cas de refus, tu as un gage ?

- C'est peut-être mieux... j'ai dit, pas rassurée non plus.

- Pas sûr... elle dit, en levant les yeux pour réfléchi. Voilà... Bon étant donné ta taille, je ne vais trop te mettre en danger et je ne vais pas te demander de me masser le dos... elle me rassura, un peu. Par contre, si tu pouvais me masser les pieds se serait parfait...

- Ah non, c'est dégoutant ! En plus, tu marches pied nu tout le temps, donc ils seront hyper sale !

- Mauvaise langue... D'ailleurs, je les ai lavé avant d'aller me mettre en pyjama je te ferai dire !

- De toute façon je ne peux pas sortir, si jamais les autres me voit !

- Ne t'inquiète pas, on ira ensemble et je t'attendrai devant la porte, au cas où... Alors tu as fait ton choix ?" elle dit, apparemment pressée.

Je ne savais pas qu'elle était le pire mais je savais que je ne voulais absolument pas toucher ses pieds. L'aller-retour prendrait quelques secondes mais je ne voulais être vu par Joanna ou quelqu'un d'autre... Dans le meilleur des cas, sa porte serait fermée, comme souvent...

 

" - Direction la chambre de Joanna ! je lui ai rétorqué, en commençant à me relever du matelas.

- Cool !" elle me lança, très contente de mon choix.

 

Elle se leva de son lit gonflable avant de me prendre dans ses bras. J'étais comme couché comme un bébé dans les bras de sa mère. À cette place, j'étais directement collé à sa poitrine et je sentais les battements de son cœur.

 

Rapidement, elle ouvrit doucement la porte et regarda le couloir. Il semblait désert... Les lumières provenant du bas de l'escalier allaient dans tous les sens, alors qu'Alizée ne s'y attardaient pas particulièrement en tournant à droite et en passant devant la chambre de ma mère.

 

En arrivant devant la grande porte blanche, elle pressa la poignée et j'ai espéré, de tout mon cœur, que ce soit un échec...

 

 

Chapter End Notes:

Dans les premiers chapitres, je vais poser les bases de l'histoire. La plupart de l'action arrivera plus tardivement.

Merci d'avoir lu et partager !

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