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Story Notes:

Voici une autre de mes traductions ! Je ne suis donc pas l'auteur, ce dernier est TheWiking2000.

L'histoire originale n'est pas encore parue sur giantessworld, mais voici le lien vers DeviantArt : http://thewiking2000.deviantart.com/gallery/39623673/On-the-Oirgin-of-Species

 

 

De quoi te souviens-tu, Charlie ?

 

 

-"Le cri avait désormais cessé depuis plusieurs minutes, tu vois, et il se tenait debout, regardant dans le vide en direction de la massive porte en bois. Je pense qu'il espérait entendre encore une fois un de ses cris de douleur parce que l'incertitude du silence devait être insupportable. Tu imagines ? Ce n'aurait pas été approprié que le Maître du manoir entre dans la chambre, surtout avec tous les servants qui s'étaient rassemblés autour en ce moment-même. Les choses étaient comme ça à cette époque. C'était un homme respecté, tu vois, pas juste quelqu'un dans sa maison ou sur sa planète mère qu'était Silshire, mais quelqu'un de l'Empire Colonial. C'était simple à voir, tu sais. Il était plus grand que la plupart des gens, avec de larges épaules et des jambes musclées, de longs cheveux bruns coiffés en queue de cheval et une mâchoire carrée. Il venait d'une noble famille qui avait bâti sa fortune sur plusieurs siècles en tant que marchands et vendeurs: un travail honnête, qui méritait le respect même de la part des roturiers. C'était un leader, plus intelligent et doué que les autres, même s'il ne l'avouerait jamais lui-même. Il était toujours honnête et direct, mais jamais prétentieux. De bonnes qualités chez un homme, tu vois. Tout le monde le connaissait comme étant sympathique mais en ce moment-même, tout le monde gardait ses distances, et il y avait une bonne raison."

 

-"Rah putain, je me souviens l'avoir entendu crier en serrant les dents et puis vu foncer sur la porte, alors que nous retenions tous notre souffle, surpris de le voir utiliser des manières et un langage si ordinaire. Les choses étaient différentes à l'époque, est-ce que je te l'ai dit ? Cependant, avant qu'il ne fasse plus de deux pas, il s'arrêta sur place. Je me souviens m'être demandé "a-t-il entendu quelque chose ?". Le hall entier devint aussi silencieux qu'un cimetière alors que nous retenions tous notre souffle et que nous tendions l'oreille. Les grandes portes grincèrent en s'ouvrant affreusement doucement, et en sortit la sage-femme. Ce qu'il vit lui coupa le souffle, et son visage devint aussi blanc que du lait, crois-moi. Le fier et grand homme que nous avions l'habitude de voir semblait avoir perdu la moitié de sa taille. La sage-femme était couverte de sang de sa poitrine jusqu'au bas de sa jupe."

 

-"Tu te souviens, vieil homme, que j'ai déjà entendu cette histoire plein de fois auparavant ?" dit le jeune garçon alors qu'il s'appuyait contre la balustrade en regardant dans la direction de la mer si vaste.

 

-"Alors tu ne veux pas que je continue, Charlie ?" il répondit avec un sourire étrange et un sourcil de travers. Charles se retourna pour le regarder. La moitié du visage du vieil homme pendait comme du linge mouillé et la jambe mécanique était tout ce qui le retenait de tomber au sol. La plupart de ceux qui avaient vécu "la Prise de Greta" ne survivaient pas, mais ce n'était pas le cas du vieil homme. Certains disaient qu'il avait marchandé avec Gorheim, le Dieu des Mers et mari de Greta, qui lui avait offert une vie anormalement longue, une histoire que le vieil homme ne contredisait jamais lorsqu'on lui demandait. La plupart de l'équipe était effrayée de lui et gardait sa distance pour cette raison, mais Charles ne croyait pas aux mythes et légendes. Il n'était pas effrayé et traitait cet homme comme n'importe lequel autre présent sur le pavillon. Ce qui les avait fait devenir de bons amis durant ces dernières années, et ils avaient déjà joué à ce jeu plusieurs fois auparavant, alors le vieil homme connaissait déjà la réponse à sa propre question.

 

Les longs cheveux blonds de Charles virevoltaient dans le vent et même si le vaisseau tapait sur les vagues, il n'avait aucun mal à garder l'équilibre. Le vieil homme non plus. Le vent était en fait dû à des fluctuations du dôme d'oxygène qui recouvrait le pont découvert, et le flottement du bateau sur les vagues était dû aux changements de gravitation des étoiles proches alors que le vaisseau naviguait dans l'espace. Charles sourit avec complicité et le vieil homme continua.

 

-"Bon, où en étais-je ?" dit-il avant de frotter sa barbe blanche pendant quelques secondes, pour faire comme si il ne souvenait plus. Il le faisait fréquemment mais ce n'était qu'un jeu qu'il avait mis en place pour tromper ses camarades. Charles était sûrement le seul à bord à savoir que le vieil homme n'avait aucun soucis de mémoire. "Ça y est, je m'en souviens ! Il tomba à genoux devant la sage-femme et enfonça son visage dans sa jupe avant qu'ils ne tombent tous les deux au sol. Il pleurait. Le Maître du manoir pleurait devant tout le monde, tu vois. Nous aurions tous fait pareil à sa place et certains servants commencèrent à pleurer, alors ne le prends pas mal, mais les choses étaient différentes à l'époque, et c'était un spectacle surréaliste. Le puissant Maître, ce chef de commandement, était effondré et pleurait contre la poitrine d'une sage-femme ordinaire. Je pense que nous ne nous étions jamais rendu compte que derrière cette façade stoïque, ces épaules hautement décorées, se trouvait le cœur d'un homme ordinaire, comme nous. Tout aussi vulnérable."

 

Le vieil homme pouvait dire avec la tête de Charles que cette partie n'avait plus le même effet que d'habitude, mais que le jeune attendait tout de même la suite de l'histoire. -"Et puis elle arriva", le vieil homme reprit, faisant de drôles de mouvements, en espérant raviver l’intérêt du garçon. "De derrière la sage-femme, elle tenait quelque chose entre ses mains. Je pense qu'il s'était dit, juste le temps d'une seconde, que cette jeune femme était sa femme, toujours vivante, mais ce n'était pas le cas. L'esprit peut jouer des tours dans ce genre de situation, tu vois. Il se leva doucement et la regarda, sa propre face couverte de sang de la jupe de l'autre sage-femme, alors que la jeune servante lui tendait le lambeau de vêtement ensanglanté qu'elle portait. Il s'en empara et le prit dans ses bras, son visage exprimant désormais plus de peur que de tristesse. Il le découvrit lentement et nous étions tous en trans, tu vois, craignant le pire. Je me souviens avoir regardé la servante et lui avoir demandé pourquoi elle avait apporté ça ici. Elle me fit simplement taire. Incroyable, ça c'est sûr ! Ce genre de comportement pouvait te faire faire virer à cette époque. Mais avant que je n'ai le temps de lire son rang, nous l'entendîmes tous. Ce n'était rien d'autre qu'une minuscule pleure, mais cela rendait tout le reste sans importance. C'était comme si cet insignifiant petit son faisait disparaître tout le manoir ainsi que chaque mur, ne laissant plus qu'un univers vide avec la simple présence de ce monsieur et de la petite chose dans ses bras. Nous ne pouvions apercevoir ce qu'il voyait depuis notre place, mais nous pouvions voir son visage sans soucis. Et ton père souriait."

 

-"L'histoire devient de plus en plus dramatique à chaque fois que tu la racontes, vieil homme" répondit Charles, toujours regardant par dessus la barre. "Et mon père devient de plus en plus noble aussi, comme si l'histoire ne cessait jamais de se réécrire."

 

-"Ne crois pas ce que les autres te racontent, Charlie ! Ils ne connaissaient pas ton père aussi bien que moi, et si ça avait été le cas ils sont sûrement trop effrayés pour raconter la vérité" répliqua le vieil homme, vraisemblablement en colère.

 

-"La vérité ?" demanda Charles, regardant le vieil homme cette fois. "La vérité est que mon père est mort en traître au Royaume. Il a apporté la honte au nom de la famille Starwind. Un nom qui était depuis des siècles symbole de bonté..."

 

-"Tu mens Charlie ! Ce ne sont que des mensonges !" l'interrompit le vieil homme. "Tu étais très petit quand c'est arrivé. Ta voix n'avait pas encore mué et..."

 

-"Il m'a abandonné" l'interrompit Charles à son tour, mais en gardant sa voix basse. "Il m'a abandonné alors que je n'étais qu'un enfant dans un port, au milieu d'un monde inconnu et il a mit les voile. Je le sais parfaitement. Je sais aussi qu'il a détruit trois vaisseaux de combat et sacrifié trois cents quatre vingt douze innocents soldats Impériaux avant que lui et l'Orcha soient détruits par le Charcharadon, avec la Couronne sur l'étendard, le meilleur vaisseau de combat jamais construit, commandé par le Roi Henry lui-même !" Charles avait haussé le ton et ses derniers mots avaient été criés si fort que certains de ses compagnons avaient tourné leur tête pour voir ce qui se passait. Ils se remirent vite au travail.

 

-"L'Orcha était le meilleur vaisseau de combat jamais construit, mais tu ne peux pas le savoir, parce que tu crois seulement ce qu'on t'a dit, Charlie. La sagesse n'est pas de croire ce que les hommes puissants te disent, mais ce que l'évidence te dit. Souviens-t'en." dit le vieil homme d'un ton banal, s'étant désormais calmé. Charles ne répondit pas alors le vieil lui demanda "De quoi te souviens-tu exactement ? Pas ce qu'on t'a dit de ce qui s'est passé, mais ce dont tu te souviens ? Qu'as-tu vu ?"

 

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