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Vanessa commence à perdre les pédales, car je pense qu'elle est persuadée d'halluciner en me voyant. Et c'est compréhensible : n'importe qui croirait devenir en fou en voyant de minuscules humains de quelques centimètres se balader dans sa chambre.

Mais le fait est qu'elle n'est pas folle, je suis bel et bien vrai !!

-"Vanessa ! Tu ne deviens pas folle !!"

Elle semble encore plus surprise d'entendre le son de ma voix, peut-être ne s'attendait-elle pas à imaginer des voix.

-"Arrête ! Arrête !!" S'écrie-t-elle, et je comprends parfaitement qu'elle s'adresse à moi.

Comme pour continuer à nier la réalité de ce qui se passait, Vanessa apporte ses mains à son visage et se serre les tempes, secouant la tête de droite à gauche. Déjà des larmes se remettent à couler. Cependant, ce ne sont pas ces quelques gouttes d'eau qui attirent mon attention.

Son t-shirt lui servant de pyjama a une tache rouge très étrange, et de plus il est à manches courtes, ce qui fait que je vois presque l'intégralité de ses bras. C'est pourquoi je suis victime d'un spectacle affreux : sur ses avant-bras nus sont clairement présentes des traces de coupures. Il y a déjà des cicatrices sur sa peau, mais pas seulement. Certaines sont "fraîchement" ouvertes, les blessures saignant encore. Elle a des lignes mortelles dessinées de partout sur sa peau blanche, et ce sur les deux bras. Et mon Dieu, la tâche de sang s'étend affreusement sur une bonne partie de son buste.

Mon coeur se remet à battre la chamade; Vanessa a voulu mettre fin à ses jours ! C'est sûr que cette fois elle ne va pas bien du tout. Je dois l'aider.

La seule chose qui me parvient à l'esprit est de lui courir dessus, de m'accrocher à elle et de ne jamais la laisser s'en aller; ce que je décide de faire. Parcourant la distance qui nous sépare, j'ai l'impression de descendre alors que le poids de Vanessa la fait s'enfoncer dans le matelas. Je sens aussi des tremblements dus au fait qu'elle se secoue la tête, mais il me semble qu'elle commence doucement à se calmer. Étant donné qu'elle a la tête penchée à l'avant, je vois des larmes tomber directement sur le matelas à mes côtés, formant de petites flaques avant de se faire absorber dans le tissu. Ses genoux sont pliés et elle a ses fesses posées sur ses mollets, ce qui fait que la première partie de son corps que j'atteins sont ses genoux. Ils m'arrivent au-dessus du torse, à hauteur de mon cou à peu près, et je pose mes bras dessus pour me hisser et monter en haut. Elle ne réagit pas violemment, même si j'ai l'impression qu'elle m'a senti. Une fois debout à nouveau (et ce n'est pas si simple que ça de garder l'équilibre, car mes petits pieds s'enfoncent dans sa peau molle), je me dirige le plus rapidement possible vers son buste, avec comme unique but de me rapprocher de sa tête. Vanessa est en culotte, ce qui fait que je parcours toute la longueur de sa cuisse sur sa peau, sa douce chaleur émanant depuis cette lisse surface.

Après seulement deux chutes durant lesquelles j'ai du me rattraper en utilisant mes mains, j'arrive enfin au niveau de son ventre. Ici son t-shirt s'entasse, formant plusieurs couches de tissu à cause de sa taille large pour une fille de la stature de Vanessa. Je pose donc mes mains sur son ventre et l'appelle.

-"Vanessa ! Vanessa..."

Je ne me sens pas de monter jusqu'à elle, et puis ça pourrait être dangereux si elle est toujours aussi énervée. En parlant de cela, je viens de remarquer qu'elle a arrêté de s'agiter; peut-être est-elle juste surprise de me sentir contre son ventre... Ou m'écoute-t-elle simplement ?

Peu importe, il faut que je lui dise ce que j'ai sur le coeur... C'est maintenant ou jamais.

-"Vanessa... É-écoute moi s'il te plaît... Je... Tu m'as fait peur... J'ai vu ce qui s'est passé avec ton père la dernière fois, et... J'ai eu peur... Tu ne mérites pas tout ça... Et ces marques... Je... Non... Tu peux pas faire ça..." Les larmes commencent à monter, et je choisis de ne pas les retenir, de toute façon j'en serais incapable. À la place, je sers les poings en attrapant son t-shirt blanc, et en tirant dessus. "Tu peux pas faire ça... Tu aurais pu te tuer Vanessa ! Et ça... Je veux pas... Parce que... Parce que..." Alors que j'ai l'impression de perdre ma voix, je sers son haut de plus belle. C'est comme si j'étais tiraillé entre le fait de lui avouer ou non que je l'aimais... Que je l'aimais plus qu'en simple amie. Je continue de sangloter contre elle, impuissant.

Comprenant très sûrement ce qui se passe dans mon petit corps, je sens les mains de Vanessa m'envelopper de leur chaleur réconfortante, puis elle me soulève dans les airs. Je l'entends bouger mais je ne vois rien d'ici, plongé dans l'obscurité de ses mains. Puis une fois qu'elle a fini de se déplacer, elle entrouvre ses mains et me plaque contre une surface très douce, chaude, et humide. Il y a une fine couche de peau et je sens juste dessous un os bombé.

C'est en ouvrant les yeux que je vois qu'elle m'a collé à sa paumette, me câlinant contre sa joue mouillée de larmes. Je n'ai toujours pas réussi à m'arrêter de pleurer, mais elle ne semble pas y prêter attention. Je pense qu'elle essaie de me calmer, et ma suspicion est levée lorsque je l'entends lâcher un petit "shhh" rassurant.

Ses longs doigts me frottent le dos de manière très agréable, c'est tout chaud, mais surtout très réconfortant.

-"Je croyais que... Je croyais que c'était un rêve, mais... J'ai eu peur Vanessa... J'ai eu tellement peur..."

-"Je sais, je sais... Allez..." Me chuchote-elle tout doucement. Sa voix fait vraiment chaud au coeur, elle est si sincère. "C'est fini maintenant... Ok ?"

-"..."

Je ne lui réponds rien de ma voix, mais frotte mon visage contre le sien. Même si j'agis comme un bébé, je n'en ai rien à faire... Je suis soulagé que tout ça soit enfin derrière moi. Toutes ces nuits passées seul, tout ce temps à rêver d'une amie, et aussi cette vision avec Vanessa qui souffrait, et moi qui était impuissant. Je sais que je ne rêve pas cette fois, c'est juste trop réel.

-"Voilà... Par contre... Je me sens pas... J'ai mal à la tête, je crois que je vais..."

Sans rien dire, Vanessa me lâche sur son matelas et se lève. Je tourne la tête pour la voir tituber vers une porte à l'autre bout de la chambre et, alors qu'elle vient de l'ouvrir, je la vois s'écrouler au sol, inconsciente.

Mon coeur fait un nouveau looping à l'intérieur même de mon torse... Qu'est-ce qu'elle vient de me faire ??

Affolé, je me relève et aperçois que le matelas sur lequel je me trouve est taché de sang, lui aussi. Il y en a beaucoup, la tâche s'étendant sous mes pieds et même sur son drap et son oreiller... Elle a perdu beaucoup de sang ! Elle est sûrement en train de faire une hémorragie, putin !!

Il faut que je la rejoigne au plus vite ! C'est pourquoi je cours dans sa direction et, sans réfléchir, je saute. Je me retrouve ainsi les pieds dans le vide, mon corps chutant à une vitesse qui ne cesse d'augmenter. Plus je m'approche du sol et plus je comprends que c'était vraiment une mauvaise idée. Je ferme donc les yeux et jette mes bras devant mon visage, comme si ça allait améliorer la qualité de mon atterrissage... Merde !!

Cependant, j'ai l'impression que mon contact avec le sol n'est pas aussi mortel que prévu. Je m'écrase par terre, certes, et pourtant je ne ressens aucune douleur. Étant donné que j'avais de la vitesse horizontale avant de sauter, je suis incapable de tomber sur les pieds et je me retrouve à rouler sur le sol dur. Une fois que je ne bouge plus, j'ouvre les yeux à niveau. Je suis franchement secoué et pas mal désorienté, mais c'est vraiment la seule sensation négative que j'éprouve. Très étrange.

Je n'ai malheureusement pas le temps de m'attarder sur le sujet et de rester assis, car Vanessa est toujours allongée sur le sol, immobile. Je me relève donc et cours vers elle aussi vite que je le peux. Initialement séparés de quelques centaines de mètres, il ne me faut pas une éternité pour la rejoindre. Une fois devant son visage, je commence à la toucher et à l'appeler afin de vérifier si elle est encore là. Mais aucune réponse de sa part, elle est bien et bien inconsciente. Je décide donc de me diriger directement vers sa poitrine, je sais qu'elle aurait sûrement préféré que je ne la touche pas à cet endroit, mais l'heure n'est pas à la pudeur. Dès lors que je suis au niveau de son torse, je me plaque contre son sein gauche (celui qui est côté sol) et j'attends. Après quelques secondes d'attente, et en tendant bien l'oreille, je réussis finalement à capter un pouls. Son coeur bat encore, et je sens que sa poitrine se soulève périodiquement, elle respire donc aussi. C'est étrange d'éprouver ça alors que Vanessa est dans un état de santé grave, mais c'est la première fois que je touche une poitrine féminine, et... C'est extrêmement doux. Elle a des seins plutôt gros par rapport à nos camarades de classe filles, mais à cette taille... Ils sont vraiment titanesques. J'ai l'impression que c'est tout mou, vraiment très drôle de toucher ça...

Alors que j'enfonce ma tête une dernière fois dans son sein, je parviens à me ressaisir et je m'éloigne subitement de plusieurs pas, afin de vérifier l'état de ses bras. Après avoir reculé de quelques mètres, je vois enfin ses deux bras et ces derniers continuent de saigner... Qu'est-ce que je peux bien faire ?!

En y réfléchissant, avec ma petite taille, la seule chose que je pourrais faire serait de bander ses plaies... Et encore ce ne sera pas une partie de jeu... Pourtant il faut que je le fasse ! Je commence donc à tourner sur moi-même pour observer les alentours, et alors que je cherche quelque chose pour couvrir ses blessures, je remarque que la porte qu'elle a ouverte donne sur une petite salle de bain. J'ai de la chance dans mon malheur !

Sans attendre une seconde de plus, je commence à courir pour entrer dans la pièce minuscule, qui n'est pas si minuscule que ça pour moi. En levant les yeux j'aperçois ce que je cherchais, c'est à dire une petite armoire en hauteur, juste au-dessus d'un petit évier. C'est ma chance, il y aura très sûrement de quoi désinfecter et tout une fois là-haut.

Je me mets donc à contempler mon seul et unique chemin d'accès : à ce petit évier est relié une tuyauterie rudimentaire, mais c'est exactement ce dont j'avais besoin. Elle sort du sol et monte jusqu'en haut, je n'ai plus qu'à faire fonctionner mes muscles.

Moi qui ne suis pas franchement friand de sport d'habitude, je me retrouve étonné une fois debout en haut de l'évier, regardant en bas d'où je suis parti. D'ici j'aperçois d'ailleurs un cutter sur le sol, tâché de sang. Je détourne vite le regard de cette arme maudite, et regarde en direction de la petite armoire. Celle-ci a des miroirs en guise de volets, ce qui fait que je m'aperçois, lorsque je cours vers elle, que je suis entièrement nu. Ça me fait penser...quand Vanessa m'a collé contre sa joue...j'étais...

Je préfère ne pas y penser.

Une fois devant les portes de l'armoire, j'attrape une poignée et force autant que je peux pour la tirer vers moi. Elle semble relativement vieille, car les charnières bloquent une peu, mais au final je parviens à me glisser par la fente que j'ai créé. Une fois dans le placard sombre, je m'appuie contre la porte et force du mieux que je peux, lui permettant de s'ouvrir entièrement. Je fais la même chose pour l'autre partie de l'armoire, et je regarde enfin ce qu'il y a dedans. Le premier étage contient tout ce qui est matériel de beauté (crèmes, brosses, cottons tiges, etc...) Et le second étage est mon El Dorado : des flacons et des plaquettes de médicaments sont éparpillés dans tous les sens, ainsi que des sparadraps, des bandes, du cotton, des ciseaux, des désinfectants... Parfait !

Sans perdre une seconde de plus, je monte sur une brosse et une fois dessus je saute pour attraper l'étage d'au-dessus, hop... Du premier coup ! Une fois que j'ai réussi à me tracter en haut, je commence à zigzaguer parmi tout ce matériel médical, connaissant vaguement ce que je cherche. En passant à côté des bandes, j'en fais rouler deux jusqu'au bord de l'étagère puis les pousse dans le vide, les écoutant tomber au sol. Je me retourne et commence à chercher du désinfectant, chose que je trouve rapidement. Je choisis quelque chose qui ne pique pas, soit de l'eau oxygénée, et je fais aussi tomber le flacon en plastique par terre. Par chance, ce dernier n'a pas explosé. Et je repars enfin naviguer entre les produits médicaux, cherchant cette fois un coagulant ou quelque chose du style, des fois que Vanessa en possède. Cependant, après quelques longues minutes de recherche, je ne trouve rien d'intéressant. Décidant de ne pas perdre plus de temps , je recommence à trottiner vers la sortie. Je saute du second étage jusqu'à l'évier, atterrissant sur la surface lisse en céramique sans le moindre soucis. Décidant de jouer à nouveau avec mes peurs, je m'approche du bord du lavabo et saute dans le vide.

Voyant le sol s'approcher de moi de plus en vite, je ne peux me retenir de fermer encore une fois les yeux et de me protéger le visage. J'atterris donc une fois de plus sur le sol dur, mais sans la moindre trace de blessure. Me relevant, je cherche les bandelettes du regard et avance jusqu'à elles, avant de les faire rouler l'une après l'autre jusqu'au corps immobile de Vanessa. Au premier aller, je me dépêche de vérifier si son coeur bat toujours, et une fois que je me suis assuré qu'elle est toujours en vie je cours à la seconde bande emballée de plastique. Puis je fais la même chose avec le flacon d'eau oxygénée, encore une chance que tous ces objets soient cylindriques ! J'aurais eu bien plus de mal s'il avait fallu porter ces objets qui sont plus grands que moi une fois debout.

Bref. Une fois arrivé aux côtés de Vanessa, je commence à rapidement ouvrir les bandelettes, leur couverture de plastique se retirant assez simplement : je n'avais qu'à attraper deux partie d'un bout du sachet, et les tirer dans un sens opposé pour les déchirer. Je me retourne vers la bouteille d'eau oxygénée, quand tout à coup...

-"Merde !! J'ai oublié le cotton pour nettoyer !!"

Quel con ! Même si son état semble plutôt stable, je ne peux pas me permettre de la faire attendre plus longtemps; il faut que ses saignements cessent !

Après seulement quelques secondes de réflexion, je décide finalement que les bandelettes feront aussi office de cotton. Je me dépêche d'ouvrir le bouchon et j'apporte les bandes à côté, avant de faire tomber le flacon sur l'une d'entre elles. Je regarde le liquide couler à flot sur cette dernière. Une fois bien imbibée, je relève la bouteille de désinfectant et pousse la bande en marchant sur le bout du rouleau, afin de la dérouler. Une fois qu'elle est à peu près étendue de tout son long, je me dirige vers le bras de Vanessa le plus difficile d'accès, c'est à dire celui qui se trouve le plus en hauteur. J'escalade sur son t-shirt rougi par le sang, et me glisse sous son avant-bras. Une fois que je suis passé de l'autre côté, je monte sur son bras et saute par terre, avant de tirer la bande le plus loin possible, afin que l'autre bout se retrouve sous son bras. Une fois cela fait je répète les même mouvements, voyant la bande se raccourcir au fur et à mesure que je progresse dans mon acte de soin. J'essaie de bien faire attention à chaque cycle que la bande soit tendue avant de revenir passer sous son bras, car si c'est trop leste ça ne stoppera pas ses saignements. Une fois que j'en ai fini avec le premier avant-bras, je fais la même chose sur l'autre.

Je sens quelques gouttes de transpiration couler sur mon front alors que j'admire mon travail. Franchement, étant donné le temps que j'ai mis et la difficulté de la tâche à accomplir avec ma petite taille, je suis plutôt fier de moi. Bon, peut-être que les boucles sont grossièrement serrées, mais le principal du boulot est fait, et maintenant je suis un peu moins inquiet quand à son état de santé. Peut-être y avait-il aussi un peu de fatigue ? Peut-être n'avait-elle rien mangé ce soir ? Peut-être que le fait de me découvrir l'a aussi un peu secouée ? Plus j'y réfléchis... Et plus j'espère que ce n'est qu'une chute de tension.

Le coeur un peu plus léger je me retourne pour regarder son visage paisible. Il n'a aucune expression, mais ses longs cheveux sombres qui retombent sur son visage et en recouvrent un partie sont somptueux. Accompagnés de ses jolies lèvres entrouvertes et de ses longs cils bruns, son visage prend une dimension gracieuse, sans même qu'elle ne le veuille.

Je décide ensuite de m'approcher de sa beauté, et plus la distance qui me sépare d'elle diminue, plus je suis impressionné par cette dernière. Elle est tellement grande... De profil et contre le sol, sa tête est plus haute que moi. J'arrive un peu au-dessus de son nez, tout doux. Je m'en aperçois lorsque je pose mes mains dessus, et que j'y dépose un petit bisou, timidement. En pivotant à peine la tête, j'aperçois ses lèvres bombées, d'où provient une humide chaleur. Alors que je m'y place devant, je me rends compte qu'à chacune de ses lentes expirations un souffle chaud est propulsé hors de sa bouche. Malgré le fait qu'elle respire très doucement, je suis vraiment impressionné par la quantité d'air brassé à chaque fois. Alors que je passe mes mains minuscules sur ses lèvres gigantesques, je sens une soudaine tentation de l'embrasser sur la bouche. Je ne l'ai encore jamais fait avec aucune fille, et malgré notre différence de taille si particulière, je n'en ai que plus envie.

Cependant, le respect que je porte à cette géante m'empêche de lui faire cela. Peut-être qu'elle non plus n'a jamais embrassé personne, et même si ça fait mal de penser ça... Je comprendrais parfaitement qu'elle ne veuille pas se faire voler son premier baiser par une insecte de quelques centimètres...

Un peu dépité, je sens la fatigue me tomber dessus. C'était vraiment éprouvant toute cette petite aventure... C'est pourquoi je décide d'aller une fois de plus me coucher contre sa poitrine. Même si le sol est plutôt froid, je m'aperçois avec bonheur qu'il y a comme une auréole de chaleur autour de Vanessa. Me couchant face à son t-shirt, j'enfouis mon visage dans sa poitrine chaude. Je sais parfaitement que ce n'est vraiment pas quelque chose de banal à faire pour la première nuit passée en compagnie d'une amie, mais franchement... Qu'y a-t-il de normal ce soir ?

C'est sur ces pensées que je m'endors, mon corps minuscule protégé par ce corps si titanesque que j'ai protégé il y a quelques instants.

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-"Héhooo... Debout toi..."

Comme tiré d'un rêve lointain, je refuse de me réveiller tout de suite, et j'en profite pour câliner cette surface si douce qui m'a servie de doudou pour la nuit.

-"Hihi arrête Alex..."

Le simple fait d'entendre une voix si joyeuse prononcer mon surnom me ramène à la réalité, et me donne envie de me lever, de sauter de joie, et d'embrasser la vie pleinement. Jamais je n'avais ressenti un sentiment de plénitude si puissant.

Ayant reconnu la voix de Vanessa et m'étant aperçu qu'elle provenait d'au-dessus de moi, je ne suis pas surpris de tomber sur un mur de tissu gigantesque en ouvrant les yeux. Après m'être frotté une dernière fois conte son t-shirt tout doux et chaud, je me relève et m'éloigne un peu d'elle. Une fois que je vois sa tête et une bonne partie de son buste, je m'étire en baillant, avant de lui lâcher un petit "bonjour" tout endormi.

Cela fait rire Vanessa et elle frotte mes cheveux du bout de son index.

-"Hihi mon pauvre ! Tu es tout fatigué.."

En regardant sa main se retirer pour attraper une mèche de cheveux, je m'aperçois que ses bandages sont toujours en place. Quelle fierté !

-"Ils sont classes hein ?"

-"De quoi..? Ooh ça !" Dit-elle en regardant ses avant-bras. "Oui c'est vrai, c'est bien fait dis donc.. Merci Alex."

-"Avec plaisir..." Lui répondis-je, presque intimidé par son compliment. Je suis touché en tout cas. "Vanessa..?"

-"Oui Alexandre ?"

-"Je me demandais... Pourquoi je suis comme ça..?" En disant cela, je me rappelle soudainement que je suis nu face à elle ! Absolument gêné par la situation, je me couvre les parties privées, ce qui a pour don de faire rire Vanessa. Son rire est féminin, timide et joyeux... Juste irrésistible !

-"Hihi !! Ne t'inquiète pas Alex, tu es comme ça depuis hier, et il me suffirait de..."

Sans rien dire de plus, je la vois se concentrer rapidement. Puis, sortis de nul part, des vêtements apparaissent sur moi ! Il sont extrêmement simples : un t-shirt, un pantalon et voilà qui suffit. Cependant... Tout cela relève de la science-fiction.

-"Hein ?! C'est toi qui a fait ça ?!" M'écriai-je, incrédule. Comment est-ce seulement possible !

-"Bien sûr que c'est moi !" Elle se redresse, arborant un sourire superbe. En tout cas elle semble très fière d'elle.

-"Mais... C-comment ? C'est... À cause de toi que je suis comme ça...?"

Alors que je commence à remettre tout cet univers en cause, le visage de Vanessa prend une forme bien plus sérieuse.

-"Tu ne... Tu n'es pas au courant...?"

Sa phrase, aussi simple soit-elle, me fait tomber des nues. Que sait-elle dont je ne suis pas au courant et qui pourrait être aussi grave ?

-"Ooh je vois... Viens alors."

Sans rien de dire de plus, elle m'attrape de ses deux mains gigantesques et me soulève dans les airs. Je nous sens ensuite avancer jusqu'à ce qu'elle s'arrête de progresser et que je descende à nouveau. Elle me dépose sur son oreiller, en face d'elle, puis s'agenouille devant moi. Après avoir posé ses mains sur ses genoux, elle commence à chercher ses mots, un peu comme si elle s'apprêtait à m'annoncer une terrible nouvelle.

-"Qu'est-ce que tu sais au juste ?" Me demande-t-elle étrangement.

Qu'est-ce que je sais ? Mais ça veut dire quoi une question comme ça ?

-"Et bah... Euh... Je comprends pas trop..." Lui dis-je avec hésitation.

-"Mmmh... Ouais je sais, c'est vague.. Alors j'ai besoin que tu me répondes ce coup-ci, essaie de ne pas trop réfléchir. J'aimerais simplement savoir ce que tu penses de ce que je vais te demander."

-"Ok."

-"Selon toi, quelle est la réalité ? Quel monde est vrai ?"

Même si elle m'avait demandé de répondre rapidement, je ne peux m'empêcher de réfléchir à ce qu'elle vient de me demander... C'est tellement déstabilisant !

-"Et bah je me souviens que j'étais au lycée, dans ta classe... On avait échangé nos numéros... Et... Et puis j'avais eu ce rêve ou j'étais minuscule dans ta chambre, comme en ce moment..."

-"Oui..?"

-"Et... Et après... Je me suis retrouvé là..."

-"Et avant ?"

-"A-avant ? Euh..."

Maintenant qu'elle me repose la question, je ne peux m'empêcher de ressentir une crise de panique monter en moi. Je ne sais pas ce que j'ai vécu avant !! Je sais juste que je suis un lycéen banal, parfois un peu timide, mais autrement... Je ne me souviens de rien sur ma vie antérieure !!

-"Oui je vois.."

-"De quoi ? Il faut que tu me dises Vanessa !" M'exclamais en me levant. "J'ai besoin de comprendre !"

-"Oui oui je sais Alex, mais calme toi, ok ?"

En me disant cela, Vanessa se penche sur moi et attrape mon corps fragile dans une main. Puis elle me soulève et me dépose dans la paume étendue de son autre main, devant son visage.

-"Il va falloir que tu écoutes attentivement, et que tu me fasses confiance, d'accord ?"

-"Ok."

-"Avant tout, as-tu déjà entendu parler des Tulpas ?"

-"Euh... Non ça me dit rien."

-"Dak... Bon, alors si tu veux, un Tulpa c'est un ami imaginaire en gros. Pour être plus précise, c'est quelque chose qui naît de l'imaginaire de quelqu'un, et qui, petit à petit, se forge une vie... Il gagne des sentiments, un caractère, et des souvenirs. Mais au début de son existence, étant donné qu'il vient tout juste d'apparaître en quelque sorte, et bah il ne possède aucun autre souvenir que ceux que son créateur a imaginé..."

Elle marque une pause, me laissant ainsi le temps d'intégrer tout ce qu'elle venait de dire. Même si au début je refusais de comprendre ce qu'elle me disait, maintenant qu'elle a fini de m'expliquer, je crois que je commence à réaliser... Ce qu'elle veut me dire, c'est que...

-"Je suis un Tulpa... C'est ça ?"

-"Oui Alex... Tu es mon Tulpa."

-"Mais..." Je sens des larmes monter, et je crois que je vais avoir du mal à les retenir. "Dans ce cas... Je n'existe pas..? Je n'ai aucune vie.."

-"Bien sûr que si Alexandre !" S'exclame la géante, ses yeux exprimant un genre de peur. Peur que je sois triste..?

-"Ooh.. Mais.. Tu ne viens pas de me dire que tu m'avais imaginé de tout pièce..?"

-"Si.. Mais c'est ce qui te rend si merveilleux : tu n'existes que pour moi."

-"Alors quand tu disais que tu devenais folle..." Commençais-je, mais je décide de m'arrêter; ce n'est pas parce que je ne me sens pas très bien que j'ai le droit de la faire culpabiliser.

-"Je le disais car je savais que je commençais à t'imaginer... J'avais lu un article un jour, et ils disaient qu'il n'y avait rien en rapport avec la scyzophrenie, mais... Avoir un Tulpa, c'est encore pire que d'imaginer des voix !" Me dit-elle avec force, l'angoisse clairement présente dans son intonation.

-"Non non Vanessa !" Lui criais-je en attrapant son index gigantesque. "C'est pas ça du tout ! C'est juste que tu te sentais mal, et tu avais besoin de quelqu'un pour combattre toute cette solitude, et tout ce malheur.. "

-"Mais tu te sens mal à cause de moi... Tu n'as pas d'identité..." Je vois ses yeux s'humidifier et son regard me quitte, s'éclipsant en direction du sol. "Ce que j'ai fait est juste égoïste... Tu souffres à cause de moi..."

-"Non Vanessa ce n'est pas vrai, regarde moi !" Je sers de mes deux mains son énorme doigt, comme pour l'interpeller. J'ai besoin que nos regards se croisent, ce que je veux lui dire... Est juste trop important.

Elle relève ainsi ses yeux, cette petite teinte humide rendant ses pupilles bleues encore plus sublimes, plus merveilleuses qu'elles ne l'étaient déjà.

-"Je... Tu sais, je suis heureux que tu aies fait ça... Au début c'est pas forcément simple à apprendre, mais maintenant que j'ai compris ce que tout ça signifiait, je suis fier de moi..."

-"C- comment ça..?" Me demande-t-elle, et je sens l'espoir revenir dans sa voix.

-"Et bah, c'est pas compliqué ! Tu viens quand même de m'apprendre que je suis né il n'y a que quelques jours, mais que j'ai déjà un but dans la vie, une raison d'être : Je suis là pour t'aider."

-"Ooooh..."

-"Oui. Je veux que tu te sentes mieux, car je suis ici pour ça. Et aussi parce que tu es vraiment... très jolie... Et que..." Je perds doucement la voix, ne parvenant pas à terminer ma phrase.

-"Je t'écoute petit Alex ?" Son ton est à nouveau joyeux, presque provocateur.

C'est fou comme son humeur a basculé d'un extrême à un autre ces dernières minutes !

-"C'est que... Je crois que... Je suis amoureux de... Toi..." Lui admettais je honteusement. Je ne peux supporter le poids de son regard, surtout à sa taille... Je dois être tellement rouge !!

Sans rien dire, je me sens déplacé dans les airs et au moment où je relève les yeux, je vois deux lèvres gigantesques entrer en contact avec mon visage, le recouvrant avec facilité. Je ferme ainsi les yeux et profite de ce genre de bisou qu'elle m'offre, alors que je réalise que c'est mon premier baiser !

Je lui rends donc du mieux que je le peux, bougeant mes lèvres comme pour la sucer, avant de sortir le bout de ma langue et de la lécher timidement.

Puis je sens ses humides et chaudes lèvres se retirer de moi, leur douceur me manquant dès la seconde où je ne suis plus en contact avec elle. À coup sûr, je devais avoir une drôle d'expression sur le visage, car dès qu'elle voit à nouveau ma tête elle se met à rire de plein coeur.

Sa bouche est juste devant moi, et je peux voir sa parfaite dentition, d'un blanc succulent, s'offrir à moi. En rigolant, elle lâche de puissants souffles chauds sur mon corps, et même si elle ne s'est pas lavé les dents ce matin je ne perçois pas d'odeur désagréable. Le souffle est surtout très chaud et humide, plutôt qu'odorant.

-"Hihi, bien entendu que tu m'aimes !"

Comment ça ?

-"C'est moi ta créatrice je te rappelle !" S'exclame-t-elle avec fierté, souriant majestueusement.

-"Et alors ?"

-"Et alors ?! Et bah, c'est pas compliqué : cela fait de moi ta Déesse ! Ce qui veut dire que tu es dans l'obligation de m'aimer, mais pas seulement : tu dois aussi m'aider, et me faire des offrandes. Tu es obligé de me vénérer comme il se doit aussi !"

Son air guilleret est affreusement sexy, et ce qu'elle dit la rend encore meilleure. Je suis absolument d'accord, et puis qui suis-je pour la contredire après tout ?

Comme pour affirmer ce qu'elle venait de dire, je pose mes minuscules mains sur la sienne avant de me prosterner devant elle, et commence à lui faire des petits bisous de partout, la texture molle de sa peau étant très excitante au toucher.

Je relève ensuite les yeux pour jauger ce qu'elle en pense, et je suis accueilli par un magnifique spectacle : la géante Vanessa me fixe, une mèche de cheveux bruns recouvrant presque la moitié droite de son visage. J'aperçois cependant ses yeux bleus profonds, et son regard est plein d'adoration. Enfin, elle est en train de mordre sa lèvre inférieure avec ses gigantesques dents blanches, faisant ainsi encore plus blanchir sa peau, qui est déjà d'un pâle succulent.

-"Alex, je sens que tu vas vraiment me plaire..."

 

Chapter End Notes:

Et voilà qui clot plusieurs heures de travail, de réflexion, de rédaction et de correction..

Comme d'habitude j'espère vraiment que ça vous a plu, et c'est avoir plaisir que je répondrais aux questions que vous pouvez avoir sur cet univers. Merci d'avoir lu jusqu'ici :) 

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