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Ouch... Où suis-je...?

J'ai mal nul part... Mais... Je me sens tout engourdi...

Est-ce que je suis en train de reprendre conscience...?

Il me semble que... Oui, je crois que j'entends des bruits au loin... C'est... Féminin... Et cette voix me dit quelque chose...

Plutôt que de me brusquer, je décide d'attendre et écouter ce qui se passe, afin de reprendre doucement conscience.

Petit à petit, je recommence à sentir mes bras et mes jambes, et j'ai l'impression d'être allongé sur un sol froid. J'essaie de bouger mes doigts et orteils, mais je n'ai encore aucune sensation. Je préfère garder encore un peu les yeux fermés, de toute façon je ne sais pas si je réussirais à les ouvrir même avec de la volonté.

Cette fois c'est sûr, alors que mon ouïe revient doucement, je suis persuadé d'entendre une fille... Mais ce qui est étrange c'est que sa voix ne semble formuler aucun mot. Elle semble saccadée, et comme étouffée... Et je ne pense pas que ça vienne de moi.

Aaaah... Je recommence à sentir mes doigts, j'arrive enfin à fermer mes poings. Mmh, j'ai l'impression de sentir mon sang circuler, c'est agréable...

Tout à coup, cette sensation de bien-être est remplacée par une tristesse sans égal, et mon coeur accélère incontrôlablement. Même si mes yeux sont encore fermés, ils se plissent sous l'effet du mal-être.

Pourquoi Vanessa est-elle train de pleurer ?!

Mes yeux s'écarquillent, et je me redresse sans même y faite attention. Je prends alors en plein face la réalité de mon environnement : me revoilà dans sa chambre, minuscule une fois de plus. Tout est bien rangé, contrairement à notre dernière aventure où il y avait un tas de livres et de vêtements par terre. La voix de Vanessa vient d'au-dessus de moi, et ses sanglots me brisent le coeur.

Je dois la rejoindre !

Sans plus attendre, je me mets debout et me tourne vers son lit, où elle est allongée, avant de commencer à trottiner dans sa direction. Alors que je me demande comment je vais bien pouvoir pour l'atteindre, la réponse se manifeste d'elle-même : comme la dernière fois, son lit n'est pas fait. Ce qui implique qu'un bout de son drap dépasse du bord de son matelas et tombe jusqu'au sol. Par chance, je suis déjà du bon côté, je n'ai qu'à me rendre au pied du lit et à grimper en haut, jusqu'à elle.

..pourquoi je fais ça au juste ? Qu'est-ce que je ferai une fois là-haut ?

J'agrippe le drap du mieux que je peux avec mes petites mains, et entame alors mon ascension. On s'en fiche du pourquoi je monte, je veux juste la rejoindre et aller lui parler.

C'est étonnamment simple de grimper sur le tissu, les prises sont vraiment bonnes et j'ai l'impression d'avancer plutôt vite. Il faut dire que ses pleurs me motivent : je n'aime pas la savoir souffrir. Heureusement pour moi, mon poids a été diminué avec ma taille, ce qui fait que le drap ne tombe pas du lit. Je ne dois pas peser plus de quelques grammes je suppose..

Je ne m'arrête même pas pour réfléchir ou me reposer, il faut que j'arrive là-haut au plus vite. Et puis.. Ne pas m'arrêter m'évite aussi d'être tenté de regarder en bas, ce qui, je le sais, est fortement déconseillé dans un moment comme celui-ci.

Alors que j'ai l'impression que mon ascension a débuté depuis des décennies, je lève la tête pour m'apercevoir que le sommet n'est plus très loin de moi. Et c'est une bonne chose : je sens que mes muscles commencent à se tétaniser, je ne sais pas si je peux continuer à tenir bien longtemps à ce rythme. Dès qu'une main est posée à plat sur le matelas, je me hisse rapidement, soulagé d'avoir rejoint un lieu sûr.

Je prends à peine le temps de souffler et me relève tout de suite, puis je me penche au dessus du bord pour apercevoir le vide en-dessous... Je suis malade d'avoir escaladé si haut sans être assuré !

Mais je n'ai pas le temps de réfléchir, il faut que je me dépêche de rejoindre Vanessa. Cela ne doit pas faire plus de dix minutes que je suis ici, mais ses pleurs commencent à se calmer. Elles ne sont pas finies pour autant et alors que j'arrive proche d'elle, son visage reste emmitouflé dans son oreiller. Je commence donc à l'appeler, mais pas de réponse. Elle ne s'arrête même pas, c'est donc bien sûrement qu'elle ne m'entend pas.

À quelques mètres de son visage (ou cm si vous parlez de la véritable échelle) je m'approche doucement d'elle, marchant avec précaution pour ne pas l'effrayer. Son visage tremble encore un peu à cause de ses pleurs, mais plus je m'approche d'elle, et plus j'ai l'impression qu'elle se calme. Plus que quelques pas...

Une fois arrivé à sa hauteur, je tends lentement le bras devant moi, la main ouverte comme lorsque l'on approche un animal, afin de lui montrer qu'on ne lui veut pas de mal. Ma respiration est lente, et pourtant mon coeur bat comme jamais. La respiration de Vanessa semble elle aussi se calmer. Je finis par toucher sa joue gigantesque, la main posée à plat sur sa peau chaude et douce, sans la moindre trace d'imperfection.

Comme notre contact dans le hall du lycée, tout s'écroule autour de nous. Il n'y a qu'elle et moi. Le temps lui-même se fige, me laissant savourer la proximité de cette géante aux traits si doux. Cette fois notre respiration n'est pas ralentie : nous avons simplement le souffle coupé. Faîtes que cet instant dure à jamais...

À peine ai-je fini de penser cela que mon sol se met à trembler, et la tête gigantesque commence à s'élever dans les airs. Son imposante stature combinée aux secousses suffit à me faire perdre l'équilibre; je titube de quelques pas en arrière afin d'essayer de me rétablir avant de finir sur les fesses, la tête levée en direction de la déesse titanesque qui se redresse à côté de moi.

Bien qu'en slow motion, son visage finit par s'arrêter quelques mètres au-dessus de moi, des mèches de cheveux subissant la nouvelle force de gravitation auxquelles elles sont soumises. Ses mains gigantesques viennent saisir cette coupe rebelle et faire glisser les cheveux derrière son oreille, avant de sécher les quelques larmes qui restaient sur ses joues. L'humidité dont elles laissent la trace donnent un tein sublime à sa peau, comme de la rosée sur les pétales d'une fleur. Puis, ses yeux se tournent vers moi et, exactement comme notre dernière rencontre dans cette situation, son regard porte sur moi, même si elle semble regarder dans le vide.

Ce n'est pas un hasard là quand même ! Non seulement elle s'est arrêtée de pleurer pile quand je l'ai touchée, et maintenant elle regarde exactement dans ma direction !

J'aimerais lui faire signe, mais elle est bien trop imposante pour que je fasse le moindre mouvement. Ses yeux bleus profonds sont intimidants, je suis comme paralysé par sa simple présence.

Puis, sortis de nul part, là voilà qui articule ces quelques mots :

-"Y'a quelqu'un..?"

Lorsqu'elle prononce cette phrase, je sens son souffle chaud et humide me parcourir le corps, sans aucune odeur désagréable. Ses dents sont toutes blanches, et elles contrastent avec magnificence ses longs cheveux noirs, magnifiquement désordonnés.

J'ouvre lentement la bouche pour murmurer quelque chose, dont je parviens à peine à entendre le son.

-"Oui... C'est moi..." Aucune chance qu'elle n'ait entendu quoi que ce soit.

-"A-...Alex...?"

Sans prévenir, elle amène sa main devant moi et l'approche lentement, jusqu'à finalement me toucher le torse du bout de son index tendu. Son ongle étant à peine long, elle me touche à la fois de la pulpe de son doigt et du bout de l'ongle, les deux surfaces ayant une texture opposée : l'une est molle et chaude, l'autre est rigide et tiède. Elle commence à exercer une légère pression, ce qui a pour effet de me déstabiliser, c'est pourquoi je pose une main par terre dans mon dos et j'attrape son doigt gigantesque de mon autre main, commençant à lutter inutilement.

Cependant, ses yeux s'écarquillent lentement et sa bouche s'ouvre en grand, le choc de ma présence clairement visible sur son visage. Elle retire instantanément sa main en reculant sa tête, se redressant de toute sa hauteur. Auparavant couchée sur le ventre, elle se retrouve désormais agenouillée face à moi, me surpassant avec sa taille gigantesque. Son t-shirt large ressemble singulièrement à un pyjama, peut-être était-elle couchée ? Quoiqu'il en soit, elle n'allait pas s'endormir tout de suite, vu l'état dans lequel elle était lorsque je suis arrivé.

-"Qu'est-ce que... Je le savais... Je le savais !!"

Je sens la crise de nerf revenir, et des larmes commencent déjà à se former dans le coin de ses yeux alors que sa voix déraille.

-"Je deviens folle... Je deviens folle !!"

 

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