- Text Size +

Il me fut impossible de dormir cette nuit-là. Heureusement, Vanessa était tombée de fatigue, ce qui lui a très sûrement permis de s'enfuir de ce monde de violence et de dégoût. Alors que l'espérais en plein rêve, moi je restais là, me rejouant des dizaines et des dizaines de fois la scène que j'avais eu sous les yeux. Comment était-ce possible ? Comment quelqu'un, un homme, pouvait-il se comporter comme ça avec une femme, qui de plus semble être sa fille !! Non seulement ce gros porc était-il dégueulasse, moche et gros, mais il se permettait de lever la main sur une chose aussi... Parfaite. Regardez-là dormir, la respiration lente, la bouche entrouverte, surplombée par une paire de petites lèvres roses, son nez fin et ses longs cils bruns, s'accordant parfaitement avec sa chevelure radieuse. De sa bouche sortait un souffle chaud, et celui-ci se heurtait à sa main droite qui était posée juste à côté de son visage. Ses longs doigts fins étaient gracieux, et ils se terminaient au bout par des ongles non vernis, reflet de la pureté naturelle de Vanessa. Son autre main était, quand à elle, encore plaquée contre son ventre, la violence du coup ayant très probablement marqué sa peau si douce.

Je crois que je n'avais plus à en douter... J'étais vraiment tombé amoureux de cette fille. Chaque parcelle de son corps sur laquelle je posais les yeux semblait parfaite, la moindre surface de peau aussi tendre qu'un nuage, et ses vêtements l'habillant aussi bien que des pétales sur une rose. Dans ce silence complet, il me semblait même qu'avec un peu de concentration... J'entendais son coeur. Il me semblait en effet entendre un léger battement, régulier, se rapprochant singulièrement d'un rythme cardiaque. Afin d'en être sûr, mais aussi car j'avais terriblement envie de m'approcher d'elle, je me levais avant de me diriger vers sa poitrine. En passant à côté de ses cheveux éparpillés sur le sol, disposés comme les rayons d'une étoile, je sentis une odeur des plus agréables : c'était celle de Vanessa. Je ne m'en étais pas rendu compte plus tôt, mais... Elle sentait réellement bon. C'était une odeur douce, féminine, et très attirante. Comme envoûté par tout ce qui m'entourait, je reprenais mon parcours jusqu'à finalement arriver à son torse. Ici, je sens d'ors et déjà de la chaleur s'émaner à travers son haut de pyjama. Ne voulant pas trop pénétrer dans son intimité, je remonte légèrement vers son cou, sa poitrine de taille moyenne m'empêchant de me coller directement là où son coeur se trouve. Une fois arrivé à une distance que je juge saine, je pose doucement mes mains contre elle, avant de regarder dans la direction de son visage, afin de juger sa réaction; je ne tiens pas à la réveiller. Malheureusement, il s'avère que je suis incapable de voir sa tête, son menton s'étend bien trop loin pour me permettre de la voir. Mais, étant donné qu'elle ne bouge même pas, je continue à me rapproche d'elle. Je m'agenouille à ses côtés alors que je sens un battement retentir contre sa peau et à travers mes mains, puis je plaque enfin ma tête contre Vanessa. La texture de son pyjama est si douce que je pourrais bien la confondre avec la texture de sa peau.

Maintenant que mon oreille est collée à son corps, mon impression est enfin confirmée : son coeur bat. Il bat. Chaque coup résonnant avec délicatesse dans ce corps sublime. Son rythme est régulier, et lent... C'est apaisant... Tellement apaisant...

________________________________________________________________________________

-"Alexandre ? Alexandre, tu m'entends ?"

-"Hum...?" Dit Alexandre d'une voix lente, peu sûr de lui. Il semble perdu dans ses pensées.

-"Aaah Alexandre tu m'as fait peur. Je comprends pourquoi les professeurs s'énervent après toi, non seulement c'est inquiétant de te voir dans un état comme celui-là, et puis tu ne réponds pas ! C'est presque irrespectueux, tu comprends ?" Lui explique la directrice d'une voix douce, essayant de la jouer cool avec Alex. Elle ne veut pas qu'il la voit comme une adversaire qui soutient les professeurs, car elle ne cherche qu'à l'aider. Et il en a visiblement vraiment besoin.

Cependant, Alex ne répond pas et continue à regarder dans le vide. Inquiète à nouveau, son interlocutrice essaie de le stimuler par la parole, afin qu'il ne s'en aille pas à nouveau voyager dans ses pensées.

-"Alexandre, regarde moi s'il te plaît ?"

Il redresse la tête, créant ainsi un contact visuel avec sa directrice.

-"Oui ?"

-"Il faut que... Hum... Si jamais tu as des soucis... Tu dois en parler. Tu ne peux pas garder ça pour toi." Dit-elle toujours aussi lentement, mais avec plus de fermeté. Elle avait besoin de se faire comprendre.

-"Mais... Madame..." Répondit Alex avec hésitation, il ne savait plus quoi faire.

Était-ce seulement vrai ? Est-ce que tout ce qu'il croyait avoir vécu était réel, ne rêvait-il pas ? Tout était si incohérent : le fait d'être minuscule, de ne pas pouvoir lui annoncer sa présence, et puis même la base des faits : elle semblait être battue par son père, et pourtant elle ne venait jamais à l'école avec la moindre trace de coup. Sûrement avait-il inventé tout ça, juste pour se rapprocher d'elle ? Et puis même... Si jamais tout cela était vrai, que faire ? Vanessa avait besoin d'aide oui, mais de quel genre d'aide ? Est-ce qu'appeler les secours, même des gens spécialisé pour les femmes et enfants battus, serait le meilleur moyen d'arranger les choses...? Elle risquerait d'être séparée de son père, mais ce n'était pas ce qu'elle semblait désirer. À son âge, elle pourrait facilement s'échapper si elle le voulait, mais au contraire... Il avait l'impression qu'elle tenait à son père, qu'elle tenait à essayer de le faire sortir de là, de sa dépendance. Malheureusement, il ne semblait pas voir les choses du même oeil.

-"Ça va aller. Je vous promets de faire plus attention désormais." Alex se lève, prêt à partir.

-"Bon... Si tu le dis. Mais n'oublie pas Alexandre : on ne peut pas tout garder pour soi. Tout seul on est pas assez nombreux, on a toujours besoin de quelqu'un."

Alors qu'il hoche la tête, Alex comprend qu'il peut s'en aller et fait donc demi-tour et marche en direction de la sortie. Les mots que vient de prononcer sa directrice se gravent lentement dans son esprit. Et si elle avait raison ? Et si ce n'était pas possible de tout supporter seul ? "On ne peut pas tout garder pour soi. Tout seul on est pas assez nombreux, on a toujours besoin de quelqu'un."...

À nouveau perdu dans ses pensées, Alex franchit la porte du bureau de la directrice, la refermant machinalement derrière lui.

"Je n'ai personne avec moi... Et Vanessa non plus..." pensa Alexandre alors qu'il marchait dans le grand hall du lycée. Alors qu'il avançait sans plus y prêter attention que ça, il finit par conclure qu'il devait apporter son aide à Vanessa. Cette fille avait beau sembler inaccessible, et même si elle ne montrait jamais la moindre expression... Il l'avait pourtant vue. Il l'avait vue pleurer. Et il ne le voulait pas. Du plus loin qu'il se souvienne, Alex avait toujours voulu défendre et protéger les filles qu'il connaissait, il voulait qu'elles aillent bien. Peu importe s'il en coûtait de son propre bonheur, il n'en avait rien à faire : ce qui importait réellement était leur bien-être.

"Très bien, mais... Si je veux l'aider, il faudrait d'abord que je réussisse, et ça... Ça risque d'être plus compliqué que prévu." À peine Alexandre avait-il terminé de penser cela qu'il passait à côté des casiers réservés au collégiens, ces derniers étaient toujours aussi excités. Alors qu'il se disait cela, il vit un petit courir après une fille, sûrement en train de jouer au loup, ou n'importe quoi d'autre. Cependant, les deux enfant lui foncèrent dessus, complètement inconscient de la présence de ce terminale en plein milieu de leur route. Par réflexe, Alex fit un bon de côté, esquivant ainsi les jeunes collégiens. Il n'avait en revanche pas vu la personne qui marchait pas loin de lui, et il entra involontairement en collision avec elle. Il trébucha, et tomba sur le côté, amortissant sa chute avec ses bras.

"Merde !!" Pensa-t-il soudainement, surpris de se retrouver au sol. Il se retourna sur le champs, afin de regarder la personne qui l'avait fait tomber. C'est alors qu'il aperçut le visage de Vanessa, emmitouflé dans sa capuche de sweat, et une simple mèche de cheveux bruns cachant la moitié de son visage. Elle sembla elle aussi surprise, avant d'afficher un sourire gêné et de se baisser vers Alex.

 

You must login (register) to review.