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*VLAN !!*

Il est 17 heures et quelques minutes, et je viens d'entrer dans ma chambre. Mon lit une place est juste là, et je saute dedans, après avoir balancé mes chaussures et jeté mon sac de cours. Mon oreiller est là, sur ce lit toujours aussi bien fait du soir au matin. La raison pour laquelle la porte a claqué si fort est simple : je ne veux être dérangé par personne. Je me mets sur le ventre et plante ma tête dans mon coussin sous lequel j'ai glissé mes deux bras, afin de pouvoir crier en paix. Qui n'a jamais fait ça, crier aussi fort qu'on le veut, sans que personne ne puisse nous entendre ? En ce moment les larmes coulent à flot sur mon visage, et je sens une petite douleur provenant du côté de mon visage. Je suis tellement énervé, comme beaucoup trop de fois après une journée de cours. Mes parents n'en savent rien, mais comment pourrais-je leur reprocher ? Personne, mise à part moi, ne sait ce que je fais chaque soir quand je rentre chez moi. Je suis tellement calme la journée, si introverti et tellement désintéressé, qui pourrait penser que je suis en réalité tant enragé ? Maintenant que je n'ai plus la force ni le souffle de continuer à hurler, je commence à sangloter tout doucement. Mon rythme cardiaque diminue, et je me calme petit à petit. Pourquoi moi...? Qu'est-ce que j'ai fait ? Comment ai-je pu me débrouiller pour subir tout ça ? Je déteste tellement cette vie, ma vie, la vie toute entière. Si seulement tous ces enfoirés pouvaient tous aller se faire foutre en putin d'enfer ! Mon poing prend de la hauteur avant de retomber avec une vitesse relativement élevée dans mon matelas. Pourquoi ne suis-je pas capable d'offrir ça à Paul, pour lui témoigner de ma gratitude et de mon amour envers lui ? Pourquoi je m'incline toujours, et je m'efface devant ses coups..? Pourquoi est-ce que ça se passe toujours comme ça..? Pourquoi est-ce que je n'ai pas été épargné cette après-midi..? Tant de questions gravitent dans mon esprit, et cela dure encore encore plusieurs dizaines de minutes, avant que je réussisse enfin à me calmer.

Je me lève tout doucement, j'ai mal partout, comme si j'étais courbaturé; j'aimerai tellement que ce soit le cas... J'ouvre la porte de ma chambre, puis traverse une partie de la maison jusqu'à arriver devant la salle de bain. Je me plante devant la porte, et fais une légère pause à cet endroit. Je rends l'instant bien plus dramatique qu'il ne l'est, mais vient l’événement que je déteste. Respirant doucement, j'ouvre enfin ce rectangle de bois et pénètre dans la pièce. Il ne me faut que quelques pas avant d'arriver devant le miroir, dans lequel je vois désormais une image troublante : c'est le reflet d'un garçon brun, plutôt petit, même si ce n'est pas ce qui nous frappe lorsqu'on jette un premier coup d'oeil. En parlant d'oeil, voici pourquoi l'image est dure à supporter : j'ai devant moi un enfant avec la paumette gauche violette, et les yeux rouges, tout boursouflés. Quelques larmes sont concentrées sur le bord de ses paupières. Son regard est lourd, triste et plein de haine. A chaque fois que j'ai cette image devant moi, j'ai toujours du mal à m'imaginer. Vous savez, quand on se regarde dans un miroir on a pas forcément l'impression de voir quelqu'un qu'on connaît, et bah moi je n'arrive même pas à croire que c'est moi. Mes yeux se ferment doucement car je sens des larmes monter, j'ai déjà bien assez pleuré ce soir. Mes poings se serrent à leur tour, et je sens mes lèvres commencer à trembler, une autre crise est en route... Le seul truc c'est que-

"Adrien !! À table !"

Voilà, il me semblait que l'heure du repas arrivait. Cela agit sur mes pleurs comme une digue, et ça me permet de contenir ma colère, de la repousser au fond de mon ventre. "J'arrive maman !"

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"Tu t'es fait quoi ?"

"Hein ? Oh désolé, euh... Bah c'est en jouant avec mon frère, y'a un coup qui est parti et puis voilà.. Paf dans le visage !"

"Aah dakkk..."

C'est drôle, j'ai eu le droit à la même question hier soir de la part de ma mère, mais j'ai répondu que c'était parce que j'étais en cycle de boxe. À croire que les gens peuvent être inquiets quand à mon niveau de santé. Inutile de vous dire qui vient de me poser cette question, une seule personne est suffisamment gentille pour prendre de mes nouvelles. Malheureusement, Alice semble bien trop perspicace pour croire à mes histoires. Elle me fait part d'un regard assez triste, presque...déçu ? Puis se retourne à l'appel de la prof de français, avant de se diriger vers la salle, son sac sur le dos. Paul était derrière moi, et du temps que je me baisse pour récupérer mon cartable le voilà qui passe à côté de moi en me poussant, faisant rire ses potes par la même occasion. Je relève la tête et subis un regard accusateur, noir et plein de mépris. Puis il disparaît à travers le cadran de la porte. Bon, pas le temps de me lamenter, direction le cours, où je vais encore m'amuser à gratter tout et n'importe quoi sur mes feuilles pour patienter jusqu'à la sonnerie.

"Faîtes-moi de la place, juste un peu de place pour ne pas qu'on m'efface, J'n'ai pas trop d'amis, regardez en classe c'est pas l'extase, J'ai beaucoup d'espace, je suis seul ! Et personne à qui le dire ! C'est pas l'pire, quand la pause arrive, je ne suis pas tranquille il faut que je m'éclipse, ou alors, Accuser les coups, ou dehors, Il faudra que je cours... Tous les jours... Faudra-t-il que je cours..jusqu'au bout...? Je n'ai plus de souffle, je veux que l'on m'écoute, plus de doute, Pour m'en sortir je dois tenir et construire mon futur, Partir à la conquête d'une vie moins dure, sûr que c'est pas gagné ! Mais j'assure mes arrière, pour connaître l'amour et le monde, Il faudra que je cours... Tous les jours... Faudra-t-il que je cours..jusqu'au bout...?"

Non ce n'est pas moi qui ai inventé ces paroles, je les tire d'une musique excellente. Je vous parle d'une vraie musique, qui vient d'un vrai groupe, qui fait passer un vrai message. Vous connaissez ? Si oui, alors vous êtes quelqu'un qui a sûrement le potentiel d'entrer la catégorie de gens que je considère comme "biens". Sinon... Vous avez aussi peut-être ce potentiel aussi, c'est juste dommage que vous n'ayez pas la chance de la connaître. Je suis en ce moment en train de chanter cette chanson dans ma tête, et j'écris les paroles au fur et à mesure sur ma feuille, avec mon crayon à papier. Comme d'habitude, j'essaie d’innover en cherchant un nouveau style d'écriture/dessin, puis je le repasserai plus tard au stylo noir. Ah oui un autre truc que j'ai oublié de vous dire à propos de moi, c'est que je n'ai qu'une seule amie : la musique. Rien que d'y penser...mmh...ça me donne envie d'écrire des poèmes. Mais je ne le ferai pas, je sais que je commence à particulièrement vous gaver. Donc oui voilà, je suis un grand fan de musique, et j'adore vivre dans ce monde, ma petite bulle que j'aime créer avec mes écouteurs et mon mp3. J'écoute que des chansons déprimantes et chiantes selon les critères de la plupart des gens, mais moi je les surkiffe ! Je cours, Fuckin' perfect, Welcome to my life, Demons, Everybody's fool... Mais j'aime aussi celles qui sont pleines d'espoirs : Nothing else matters, Hall of Fame... Vous voyez le genre ?

Bon bah voilà, maintenant que vous connaissez ma meilleure amie, et mon pire ennemi (étant ce que j'aime appeler "les autres"), vous connaissez à peu près tout ce qu'il y a à savoir sur moi... Ah non il manque un truc assez spécial ! Malgré la peur et la haine même que je porte parfois envers les autres, et bah j'ai envie de croire en la bonté des gens, c'est pourquoi j'aimerai devenir pompier. Bon c'est un joli discours à réciter, mais plus sérieusement, c'est vrai que s'imaginer sauver la vie des gens... Ouais je trouve que c'est classe... Enfin bref, tout ça pour dire que je compte faire un métier de ce style, et pour cela j'ai plutôt intérêt à me mettre au sport, sinon je risque de tomber des nues !

 

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