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La main gigantesque qui couvre sa bouche se met doucement à trembler, mais plutôt que de s'éloigner sous l'effet du choc, elle se penche encore plus.

 

 

 

"...Alice..."

 

 

 

"...Adrien... Qu'est-ce que tu fais là ??"

 

 

 

Subitement elle se jette sur moi, ses mains se glissant sous mon corps nu, et ne tenant même pas compte de la crasse qui m'entoure. Elle me lève rapidement pour m'amener jusqu'à son visage, mais cette fois sa tête recule vivement : elle doit m'avoir senti.

 

 

 

"...C'est quoi cette odeur ??"

 

 

 

"...Alice... Va-t'en..."

 

 

 

Des larmes commencent à se former dans le coin de mes yeux, mais je ne veux pas les laisser couler. Elle ne doit pas faire attention, elle doit s'enfuir tant qu'il en est encore temps...

 

 

 

"...Hein...?"

 

 

 

"Ne reste pas l..-"

 

 

 

Soudainement, une voix lourde s'élève et couvre avec facilité la mienne.

 

 

 

"Qu'est-ce qui se passe ici !!"

 

 

 

Mon univers se met à trembler et je suis secoué dans tous les sens, la dernière chose que je vois étant le visage d'Alice qui pivote avant que je me sois plaqué contre quelque chose de doux. Une odeur agréable remplace celle de vomi et de sexe qui m'encerclait jusqu'alors.

 

 

 

"Qu'est-ce qu'il fait là !"

 

 

 

"Hein ?? Mais qu-... Oooh j'ai compris... Vous vous connaissez, c'est ça ?"

 

 

 

"Oui, nous étions au collège ensemble !"

 

 

 

"Je vois... Et bien, écoute, redonne-le moi, et je vais t'expliquer, d'accord ?"

 

 

 

"..."

 

 

 

Rien n'est dit sur le coup, et j'en profite pour apprécier la géante qui m'a plaqué contre sa poitrine : c'est chaud, c'est doux, ça sent bon, et si j'y prête attention j'entends même le bruit sourd de son coeur qui bat... Enfin bref, c'est merveilleusement agréable.

 

 

 

"Alice..."

 

 

 

"..D'accord.."

 

 

 

Je me sens alors éloigné de sa poitrine, et j'aperçois de nouveau son visage qui me fixe. Ses yeux semblent tristes, mais je ne parviens pourtant qu'à y voir un océan de bonté et de gentillesse. Et me revoilà en plein voyage aérien, avant d'être déposé dans une autre main, bien plus froide et moins invitante cette fois.

 

 

 

"Voilà.. Bon alors, comment as-tu trouvé ta première rencontre avec un mutant ?"

 

 

 

"...Euh... Je ne sais pas... Donc c'est vraiment ce à quoi ressemblent les mutants...?"

 

 

 

"Haha non ! Enfin oui, c'est le cas pour celui-ci, mais il est unique, comme tous les autres ! En fait ils ont pour la plupart une apparence humaine, mais il y a des exceptions comme tu peux le voir."

 

 

 

"Enfin il a toujours une apparence humaine, c'est juste que..-"

 

 

 

"Il est bien plus petit. Il est même minuscule... Et tellement fragile... Il n'est pas humain, regarde comme il est faible..."

 

 

 

Sur ce elle tend son bras pour me montrer à Alice, comme pour appuyer son affirmation.

 

 

 

"C'est normal, avec la taille qu'il fait... Mais il reste un humain, peut importe sa taille."

 

 

 

"...Hum... Je comprends que ça puisse être dur pour toi, après tout tu l'as connu lorsqu'il était encore "normal"... Mais il n'a jamais été humain, il n'est qu'un mutant depuis le jour où il est né, même avant. Il devait déjà être tellement différent au collège lorsque vous vous êtes connu..."

 

 

 

"Non ! Enfin...Je veux dire... Oui, il a toujours été marginal, mais il éprouvait des sentiments, et il réfléchissait, bien plus que beaucoup d'autres."

 

 

 

Mais pourquoi elles parlent de ça au passé toutes les deux, je suis encore là bon sang !

 

 

 

"Non Alice, c'est là que tu te trompes : il n'a jamais eu aucun autre destin que de venir ici, et avoir une vie de mutant, une vie de rat de laboratoire."

 

 

 

"Mais..-"

 

 

 

"Allez, on a assez parlé. Pourquoi ne pas terminer cette première journée de stage ? Je te propose de réfléchir à tout ça au calme, et tu comprendras beaucoup mieux, crois-moi."

 

 

 

"...Heu... Oui oui ! Vous avez raison !"

 

 

 

"Voilà. Donc tu as eu ta chambre, c'est ça ?"

 

 

 

"Oui oui effectivement. On me l'a montrée et j'y ai déposé mes valises tout à l'heure. Il me reste encore à les ranger et je serai installée."

 

 

 

"D'accord, alors écoute : je te libère en avance aujourd'hui car c'est une journée pleine d'émotions je suppose, et aussi parce que tu as du travail qui t'attend. Et puis je te donne rendez-vous demain matin à 8h, devant la porte, ça te va ?"

 

 

 

"Oui madame ! À demain alors !"

 

 

 

Je n'ose pas me retourner, mais je sais très bien qu'Alice me fixe, je sens son lourd regard sur moi. Puis je murmure : "...Non Alice... Non je ne veux pas que tu me vois comme ça..." Je sens encore des larmes se former dans le coin de mes yeux. Il me reste encore donc la force de pleurer ? Ça veut dire que je ne suis pas à bout alors, pas encore.

 

 

Puis la porte claque enfin, et je suis de nouveau seul avec cette malade. Je ne veux pas imaginer ce qu'elle va faire, je me suis contraint à cela. Elle m'a brisé avec brio, je suis désormais quasi persuadé à mon tour que ce n'est pas du viol, mais juste... Un futur rituel.

 

 

 

"Bon, pour toi aussi ça a été une dure journée hein ? Riche en émotions n'est-ce pas ? Allez, je vais te laisser aussi, on a du boulot demain."

 

 

 

Une fois sa phrase terminée, je me sens descendre dans les airs, jusqu'à être déposé avec "douceur" dans la boîte (vous savez, tout est relatif à ma taille). Avant qu'elle ne me quitte, je l'entends au loin, par dessus le bruit de ses talons qui claquent, me dire une dernière phrase.

 

 

 

"Si j'étais toi je me retiendrais de boire cette nuit, et j'utiliserais l'eau que j'ai à disposition pour me laver... Ça devient critique là." Elle s'arrête de marcher. "Tu m'as entendu ?"

 

 

 

Je tombe à genoux. "Oui..." Puis la porte claque encore une fois, et c'est cette fois le signal pour mes larmes qu'elles peuvent couler à flot...

 

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